1998 – Renversement et rétablissement de la culture conviviale

Le sens de l’économie

La convivialité volée

Restaurer le politique

Sous le moindre prétexte, même le plus sympathique à priori, on nous ressert, en contradiction totale avec les aspirations flattées, la soupe doctrinale de la dominance moderne (individualisme, libéralisme, progrès, croissance, emploi…) ; cela, alors que les élites et les « gendarmes du monde » autoproclamés sèment partout le désastre.

C’est le moment de ne pas perdre de vue ce que cette modernité étendard de tous les appétits a créé comme souffrances et reculs de la vie, le moment aussi de revisiter les définitions premières.

Après « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » (Silence 233/234, juillet 1998) et l’amorce d’une démystification relative au sens de la liberté et de la démocratie, voici une réflexion sur les façons de comprendre l’économie et sa propre vie : extérieures à la vie des autres et au monde, ou parties intégrantes d’une construction commune ?

ce texte a été publié par l’éditeur Pli Zetwal, préface de Michel Ots

ISBN 2-9517455-1-6

LE SENS DE L’ÉCONOMIE

La vie consomme de la matière et de l’énergie pour maintenir un ordre dynamique, évoluer et produire de la satisfaction. Toute l’économie est là, et rien de moins.

Mais il y a beau temps que la plupart des théoriciens et des décideurs se sont éloignés de cette compréhension. Avec ceux-ci, la portion du processus économique méritant attention n’a cessé de se réduire pour ne concerner que la satisfaction d’une ultra-minorité des vivants, et même de la population humaine. Aujourd’hui, très peu d’activités reçoivent l’onction des économistes. En fait, la plupart des actions humaines échappent aux investigations et aux planifications d’une orthodoxie économiste qui, pourtant, prétend tout régenter. C’est le cas du travail domestique et de tous les « travaux fantômes » remarqués par Ivan Illich (1). D’ailleurs, en utilisant le mot « travail », on risque de rester encore sous l’influence du mode de pensée matérialiste et mécaniste. Pour étendre la conscience à tout ce qui est nécessaire au maintien de la vie, je crois préférable de parler d’actions fantômes. Parmi celles-ci, il y a le bénévolat et tous les échanges sans plus-value, la diffusion des informations vitales, la critique sociale et écologique, et toutes les relations d’échange qui font une société. Il y a l’entretien des biens communs, lequel peut tout simplement comprendre toutes les activités : de la production à la protection de la société et de la nature. Il y a aussi la création artistique, le jeu, la musique, le jardinage (pourtant très productif), l’amour, etc. Toutes actions indispensables à la bonne vie et, donc, au sens large, éminemment économiques.

Il y a plus grave. La portion du processus économique qui occupe les économistes, les industriels, les financiers, les gouvernants, les syndicats et les institutions internationales n’est jamais pensée en perspective avec le système qui englobe et dont dépendent les activités qui monopolisent leur attention : l’économie de la nature (Carl Von Linné). « Économie » étant utilisé là dans toutes ses acceptions, et surtout dans son sens premier : organisation.

Cette petite omission a été enfantée par les idéologies qui placent l’Homme – enfin, certains hommes : les dominants – hors de la nature. S’abstraire des lois de la nature (de ses règles économiques), se désolidariser même de la vie des sociétés humaines a conduit les adeptes de cette vision à concevoir l’économie de certaines activités comme un système clos fonctionnant en boucle et externalisant tout ce qui ne lui plaît pas. Cet économisme par le petit bout de la lorgnette ne se situe donc pas dans les flux de la vie, de la matière et de l’énergie : énergies et matières en stocks limités, énergie solaire et qualité de l’atmosphère, albédo et équilibre thermique de la planète, vies bouleversées et anéanties en amont et en aval des processus de production et de consommation, diversité, complexité et densité biologique, et fonctionnement (économie) de la biosphère, etc.

Exceptés Bertrand de Jouvenel, Nicholas Georgescu-Roegen surtout, René Passet et Herman Daly, trop rares encore sont les économistes qui ont conscience de la seconde loi de la thermodynamique qui distingue entre l’énergie utilisable ou libre, qui peut être transformée en travail, et l’énergie inutilisable ou liée, qui ne peut pas ou ne peut plus l’être. Elle décrit la dégradation de l’énergie (et, comme le souligne Georgescu-Roegen, de la matière) de basse entropie en haute entropie, de potentiel fort en potentiel faible perdu pour l’humanité, pour toute la vie parfois. Dans le cas des activités industrielles, la haute entropie produite revêt généralement des formes nuisibles : déchets encombrants ou polluants, dissipation de chaleur ou parties de la biosphère désertifiées et qui, à leur tour, modifient les climats, etc. (voir « El Niño et la politique de la terre brûlée« , Silence n° 233-234, juillet 1998 ; « Le projet de la vie et son anéantissement« , L’Ecologiste n°2, novembre 2000).

Parce qu’elle ignore l’économie de la nature, la science économique officielle a tout emprunté à la comptabilité des marchands et des banquiers, et rien à la philosophie de l’intérêt général. Elle ne tient donc aucun compte de la consommation de capital non renouvelable, aucun compte de l’état de santé des systèmes biologiques intégrés, de la bactérie à la biosphère. Elle n’a aucune conscience de l’importance des destructions commises et considère ses intrants pris aux populations et aux écosystèmes comme gratuits, et les destructions, les massacres, les exclusions ou les effluents comme de peu d’importance. L’autisme de cette science est responsable de la dérégulation des activités de production, de distribution et de consommation car il autorise que les comportements les plus irresponsables, les plus inciviques semblent produire de l’actif, qu’ils soient en quelque sorte primés, comme le soulignait Bertrand de Jouvenel (2). N’est-ce pas l’aveuglement – l’incompétence – des économistes officiels qui a fait tomber en désuétude la recherche de la durabilité, du plus faible impact écologique possible, et stimulé la culture de l’obsolescence et du gaspillage ? Produire inutile, voire nuisible est devenu positif, au point que l’armement est un des piliers de l’économie et qu’une pollution, depuis la production jusqu’aux conséquences sanitaires et écologiques, en passant par les actions de dépollution, peut être comptabilisée plusieurs fois de façon positive. La coupure avec le monde et la vie est désormais si profonde que la dérégulation est revendiquée comme une qualité et fait parfois figure d’objectif.

Ainsi, la globalisation, ou mondialisation, vise à supprimer toutes les formes de régulation qui protègent encore les sociétés et leurs écosystèmes en réduisant les différences de potentiel insupportables. Au programme de l’Europe de l’Euro, des « ajustements structurels » du FMI, de l’Alena, de la Banque Mondiale, de l’OMC : le branchement direct, sans aucun fusible, de chacun et de chaque écosystème sur le secteur haute-tension de la compétition spéculative. Et de vouloir jeter dans la même arène, arbitrée par une bourse mondialisée en temps réel, le village chinois, la famille indienne, la tribu Papou, les multinationales et l’argent de la drogue ou des fonds de pension.

En fait, le projet du libéralisme de marché consiste à casser l’organisation de toute chose, à pénétrer l’information-structure – celle qui détermine la forme spécifique (Laborit) – des sociétés et de chaque communauté pour les affaiblir et les vampiriser tout à loisir. Cela ne correspond-il pas à la définition du « low conflict impact » théorisé par le néo-colonialisme ?

A tous les niveaux, l’augmentation de l’entropie et la destruction des réseaux de la vie sont encouragées. La destruction du capital écologique et humain (désigné comme ressources) n’est-elle pas synonyme de croissance économique ? Par exemple, le vol et la destruction des communaux par la noblesse, l’Eglise, puis la bourgeoisie et l’Etat pour faire place à la grande propriété et à la spéculation sur le travail – le salariat et le chômage – est noté comme un progrès. La destruction du patrimoine architectural et la dispersion des communautés sociales de nombreuses grandes villes, dont Paris, ravagées par la spéculation depuis le XIXème siècle, ont été interprétées comme des contributions à la prospérité.

Un regard un peu moins superficiel et orienté que celui des économistes et des spéculateurs révèle toute l’absurdité du système. Ainsi, en maintenant la complexité biologique et les équilibres climatiques, l’exploitation traditionnelle type chasse-pêche-cueillette-jardinage des forêts tropicales est au moins deux fois plus productive que l’exploitation industrielle des mêmes forêts la plus rentable et douze fois supérieure à la récolte régulière des bois (3). Mais, qu’importe ! Tout autour de la planète, la destruction des écosystèmes les plus complexes continue à progresser vertigineusement et les gens qui vivaient heureux en leur sein sont expédiés là où il n’y a même pas de chômage : dans la mort, directement ou via les bidonvilles aux portes des villes polluées. Et, bien entendu, tout cela se fait sous les couleurs de la civilisation du progrès, du développement et de la croissance, de la même façon que le sabotage des mouvements sociaux et la spoliation de la citoyenneté se font au nom de la démocratie. D’ailleurs, les experts ne gratifient-ils pas les régions où les destructions sont les plus importantes des meilleures performances économiques ?

Que devient donc la croissance économique tant vantée quand on l’observe à l’aune de l’économie de la nature, comptabilisant les pollutions, les mauvais stress et les maladies induites, les spoliations, les vies brisées, la haute entropie produite à tour de bras, la ruine de la biosphère ? A l’évidence, le bilan des activités les plus choyées par l’économisme classique fait apparaître un gigantesque passif, car s’il y a des travaux ou des actions économiques fantômes, il y a plus encore des coûts fantômes.

Quelquefois, un coin du lourd rideau de la propagande est soulevé au cœur même des institutions de l’économisme. Par exemple, une tentative de la Banque Mondiale et du Bureau des Statistiques de l’ONU pour estimer la dégradation de la nature en Papouasie Nouvelle-Guinée a révélé que le coût de celle-ci annulait presque le Produit Intérieur Net. L’origine de l’étude permet de supposer que le passif a été calculé au plus juste et qu’une approche moins dépendante de l’orthodoxie économiste aurait donné des résultats plus sévères. Cette approche est proposée par Herman Daly et Cliff Cobb, non plus pour la Papouasie Nouvelle-Guinée mais pour « l’économie la plus puissante du monde« . Ils ont défini un instrument de mesure économique qui intègre nombre de données méprisées par « la science économique » : le GPI (Genuine Progress Indicator). Sans surprise, cet outil montre que, contrairement à ce que l’on fait dire au PIB, le niveau de vie a nettement baissé aux Etats-Unis depuis les années cinquante; en dépit du pillage de plus de la moitié de la planète.

L’économie moderne qui tente de devenir économie globale, tout en restant toujours aussi parcellaire et bornée, consomme de plus en plus de valeur pour produire de plus en plus d’insatisfaction (même chez les nantis) et de malheur, au point de compromettre l’avenir.

Comment pourrait-il en être autrement, vu les bases de l’économisme de marché ?

Les pères fondateurs du libéralisme économique ont cru pouvoir concevoir un « marché » capable de s’auto-réguler en n’ayant de compte à rendre à personne. Ils l’ont voulu indépendant de la religion, de la morale et même du politique ; enfin, de toutes les relations au monde développées pour, justement, prévenir les dérives contraires à l’intérêt général et à l’écologie. Sans doute avaient-ils sous-estimé l’efficacité des stratégies de la cupidité et de l’arrivisme dans un univers mental structuré par la croyance en l’inépuisabilité de la nature, les valeurs matérialistes et l’individualisme. Et quelle est donc la magie censée doter le marché de la faculté si rare d’autorégulation dans un monde où les systèmes vivants, à tous les niveaux d’organisation, sont régulés par l’information qui provient du système englobant, ou niveau d’organisation supérieur (Henri Laborit) ? Ce sont les prix. Des prix qui ne comprennent ni les coûts en amont, ni les coûts en aval du marché, des prix qui ignorent l’information indispensable à leur régulation !

Après avoir décrété la rupture d’avec l’économie de la nature, après l’élimination des facteurs de la régulation écologique et sociale – les pratiques communautaires -, le marché libéral continue sa fuite en avant en s’auto-dévorant. On l’a vu avec la petite propriété: même le capitalisme modéré est devenu la proie du capitalisme d’expansion qui, déjà, est un champ de bataille jonché de ruines industrielles et financières. Aux antipodes des préceptes anciens, l’argent enfante de l’argent, la spéculation se nourrit maintenant de la spéculation. Cette lutte interne sans merci est payée par des destructions écologiques et sociales plus grandes encore.


L’exploitation des sables bitumineux au Canada – pour accroître encore la consommation d’énergie fossile

Arasement de la biodiversité, bouleversement du climat local (sécheresses et méga-feux suivent), accroissement de la dérive climatique globale… Derrière lui, le système marchand ne laisse que désolation.

Ignorant la cybernétique et plus encore l’écologie, les fondateurs du libéralisme économique et leurs continuateurs n’avaient pas mesuré qu’en éliminant les principaux facteurs de régulation capables d’exercer une rétroaction, ils fabriquaient un système fermé du point de vue informationnel, un système extraordinairement simpliste, une monstruosité qui ne peut que passer d’une crise à une autre, tout en détruisant le monde alentour.

S’il en était besoin, les ravages du marché-roi montrent que la liberté doit être comprise de façon beaucoup plus relativiste, subtile et imaginative que ne l’ont théorisé les libéraux.

Parce que tout dans ce monde est interdépendant, l’économie des processus de la production, de la distribution et de la consommation de marchandises a un sens. C’est celui des dynamiques qui font que toute la vie tient ensemble, qu’elle s’organise, évolue et produit des satisfactions. Toutes les activités dérégulées doivent rentrer dans le giron de l’économie à la fois globale et vernaculaire de la nature et des sociétés humaines en commençant, par exemple, par intégrer la loi de l’entropie. Il en va tant du contentement de chacun que de la survie de l’humanité.

Il faut s’orienter non pas vers « l’état stable » qui avait été proposé dans les années 1970, mais vers la décroissance de toutes les productions, constructions et consommations nuisibles à la vie sociale et à la biosphère, comme l’a illustré Nicholas Georgescu-Roegen. Très brièvement, on peut dégager trois orientations pouvant concourir à ce résultat :

  • Intégrer dans les prix les coûts en amont et en aval du segment production/distribution/consommation (ainsi, d’après une étude britannique vieille d’au moins 15 ans déjà, tous les prix relatifs à l’automobile devraient être multipliés par 6). Voilà qui devrait désamorcer les dynamiques capitalistes dont la force réside principalement dans l’externalisation des coûts – dans le cas de l’automobile : sur le dos des innombrables victimes, de l’amont à l’aval, de l’extraction des minerais au déchet.
  • Relocaliser pour réduire les transports de marchandises, le gaspillage énergétique et les pollutions, et produire le plus près possible des consommateurs pour recréer des métiers autonomes et des solidarités communautaires. C’est possible, sans recourir à des interdits relativement inefficaces, en redynamisant l’économie vernaculaire par le rétablissement de monnaies locales non-thésaurisables, ou monnaies franches (4).
  • Desserrer l’étau de la propriété privée sur l’intérêt général.

En fait, bien que ces orientations puissent encore sembler inspirées par une réaction un peu technocratique au système impérialiste, elle ne devraient, pour leur efficacité même, qu’être les résultantes pratiques du développement du mouvement social.

LA CONVIVIALITÉ VOLÉE

L’essentiel de cette réflexion sur l’économie fait fi de la duplicité de tous ceux qui, sous couvert d’idéologie et de science, ne songent qu’à accaparer le bien d’autrui. Car, au fond, sous le maquillage, le marché libre n’est que l’économie de l’usure et de la razzia.

La « croissance » parée de toutes les vertus, le « développement » – qui ne devrait pas être confondu avec la première mais qui, pour l’heure, est surtout celui de la spéculation -, la « modernisation » de ceci, la « modernisation » de cela, ne sont pas des discours et des projets vraiment nouveaux. Ils appartiennent à des stratégies qui s’inscrivent dans la longue histoire de l’aliénation des biens communautaires ; une histoire semée de manœuvres incessantes, de révoltes, de belles réalisations communes et de répressions féroces (5). Hier, il s’agissait de marais, de prés, de forêts, du glanage, de la vaine pâture, etc. Tous biens et usages communautaires qui faisaient vivre tout le monde confisqués soi-disant parce qu’ils étaient des « obstacles au progrès scientifique« , à la liberté, à la république, à l’Etat.

Parce que chacun est concerné par leur préservation, que leur gestion est un enseignement pratique d’écologie, que la communauté d’intérêt développe la solidarité, les communaux sont la meilleure des garanties contre le dénuement. Autrefois, tout le monde en était bien conscient. Ainsi, sous la Constituante révolutionnaire et sous la Convention, suite à la promulgation de lois visant à supprimer les usages communautaires pour renforcer la propriété privée, et suite à la saisie des communaux par l’Etat en 1794, la colère s’exprimait clairement : « Cette loi ne peut avoir été faite que par les riches et pour les riches, dans un temps où la liberté n’était encore qu’un vain mot et l’égalité une chimère (…). La classe des indigents ne peut pas croire que la Révolution ait voulu la priver des moyens d’existence » (les Sans-Culottes de Parly, Yonne, août 1794. Rapporté par Hervé Luxardo, note 5).

Les procédés de la colonisation européenne des autres continents sont connus, mais la colonisation intérieure, celle d’une ethnie ou, plus communément, d’une oligarchie au détriment d’autres populations et de l’ensemble social semble passer inaperçue. Pourtant, depuis la plus extrême violence jusqu’aux arguties relatives à une législation de circonstances, tout à fait nouvelle par rapport à l’occupation du sol et aux usages immémoriaux, en passant par les techniques de la déstructuration économique largement appliquées aujourd’hui (par exemple, le système de la dette et les manipulations sur les prix), la colonisation intérieure ressemble à l’autre; elle est aussi douloureuse et dévastatrice (6).

dessin de Errol le Cain

Ainsi, en Occident, la cause des communaux semble curieusement oubliée, ou refoulée, même chez ceux qu’elle devrait mobiliser – quand elle n’est pas desservie par l’action des partis et des syndicats qui se disent de gauche toujours fascinés par le salariat ! Elle semble comme gommée de l’histoire, ce qui est assez étonnant pour une cause qui a mobilisé nos ancêtres depuis la nuit des temps. Ne serait-ce pas pour dissimuler que la propriété a été fondée sur la spoliation des communautés, donc que « la propriété c’est le vol« , comme disait Pierre-Joseph Proudhon ?

Tout commence avec l’invention du droit de propriété, qui nie opportunément tous les droits antérieurs, suivie du closage (ou enclosure) des terres. Ce morcellement détruit les réseaux communautaires, il réduit de façon drastique les interrelations, c’est à dire qu’il tue la source des dynamiques de la diversification et de la complexification (principe de divergence). Là où beaucoup de fonctions se superposaient ou se succédaient, il n’en laisse subsister que très peu, quand ce n’est pas une seule. Ainsi, pour la prospérité matérielle éphémère d’une minorité, la propriété hégémonique appauvrit-elle le monde.

La question des communaux est loin d’appartenir entièrement au passé. Il y a peu, nous avons vu le détournement ou l’élimination de la plupart des coopératives. Nous avons vu supprimer les monnaies franches, celles d’autrefois comme celles du XXème siècle inspirées par le travail de Silvio Gesell (« L’Ordre Economique Naturel« ). Aujourd’hui, les sans terre d’Amérique, d’Afrique, d’Asie, et les peuples autochtones dont les biens communautaires séculaires sont volés et détruits par les multinationales et les oligarchies corrompues mènent le même combat que les paysans d’Europe hier. D’ailleurs, en Europe aujourd’hui, après tant de restrictions à la liberté d’être, d’autres biens communautaires sont en danger, car la spoliation est sans limite. Ce sont maintenant les media libres, les services publics, la Sécurité Sociale, les moyens de transport économiques, peu polluants, intégrés à la vie sociale et utiles à tous, qui sont récupérés par l’argent détourné, démantelés ou dont le développement est entravé pour faire place aux projets et aux profits de la mégamachine (7). Ce sont aussi, comme le souligne Illich, le silence, la qualité de l’air, l’eau propre, la beauté d’un paysage, le ciel vierge des traînées des jets, l’espace des villes et des campagnes, l’Amazonie, la liberté des Bushmen, des Touaregs, des Mentawaïs, la Narmada sans barrages, la vie des baleines bleues… et puis les pratiques d’échange qui développent la convivialité, la conscience, la citoyenneté et, au total, le bien-vivre ; enfin « l’art d’habiter« , tant son environnement immédiat que toute la planète Terre, tous sont menacés par le libéralisme scientifique de marché (8).

La cause des communaux est au centre des problèmes écologiques et sociaux. Et il serait bien utile que les écologistes et tous ceux qui sont sensibles au chômage et à la précarité le réalisent.

Le tableau serait incomplet et injuste si je n’évoquais pas la petite propriété capable de s’intégrer à l’économie des sociétés et de la nature en produisant des choses utiles et sympathiques. Elle est tout autant menacée par la concentration financière et industrielle, et, avec elle, disparaissent un peu plus de la diversité et de la complexité nécessaires à l’existence des sociétés.

En France, l’avènement de la Cinquième République a marqué le départ d’un nouvel épisode remarquable de cette histoire de la spoliation et du sacrifice des hommes et de la nature à la cupidité et à la mégalomanie. Parallèlement à la préparation d’une très relative émancipation des peuples sous le joug colonial français, la colonisation intérieure a été relancée pour moderniser les structures de production afin de soutenir un nouvel effort d’expansion, sur les marchés internationaux cette fois. C’est surtout l’agriculture et les campagnes qui ont fait les frais de cette « politique de grandeur » et de grands profits. Ayant été interrogés, les technocrates ont été formels : « (…) le mécanisme des prix ne remplira son office dans le secteur agricole, qu’en infligeant aux agriculteurs presque en permanence, un niveau de vie sensiblement inférieur à celui des autres catégories de travailleurs (…) ». Et le gouvernement gaulliste fit abolir l’indexation des prix agricoles, en violation même du traité de Rome (9). Il est remarquable du dévoiement des structures « représentatives » que les grands syndicats agricoles aient soutenu cette politique faite « (…) par les riches et pour les riches (…) » et que les organisations plus soucieuses de l’intérêt général soient encore aujourd’hui minoritaires et exclues de tout processus de décision.

Depuis 1958, le mécanisme des prix a en effet permis l’expansion des exportations agricoles, mais au prix de la faillite de 6 millions de paysans (et de combien d’artisans et commerçants ?), de la dispersion des familles et des communautés, de la perte des savoirs et des identités, de la désertification des campagnes, de l’explosion des banlieues, de la livraison des campagnes aux spéculateurs, de la destruction des écosystèmes (par exemple, les bocages) et de la ruine des sols fertilisés par des siècles de travail, de l’épanouissement de l’assistanat tarifé en remplacement des solidarités familiales et communautaires, de l’accroissement de la délinquance, de l’explosion du chômage, de la précarité et de l’exclusion, etc. Les promoteurs de cette politique et tous ceux qui imaginent aujourd’hui encore en profiter ont amorcé et entretiennent une réaction en chaîne de dégradations de tous ordres dont les coûts deviendront insupportables.

De la privatisation du sol à la privatisation des sources de la vie (brevets sur les codes génétiques par exemple), c’est la même tentative de contrôle absolu sur la vie de la plupart – avant exclusion – qui progresse.

Les technocrates d’aujourd’hui, qui d’un coup de traitement de texte suppriment des raisons de vivre et des vies, sont les dignes descendants des physiocrates qui, dès le XVIIème siècle, ne prétendaient développer l’agriculture scientifique que pour mieux usurper les communaux. Leur libéralisme ultra, leur mondialisation, leur globalisation ne sont qu’un nouveau maquillage de la spoliation. Mais, cette fois, l’échelle de leur action est sans limite. Ils sont tendus dans le même effort – un ultime effort cette fois – pour piller ce que des siècles de colonisation n’avaient pas tout à fait réussi à atteindre ou à épuiser.

Leur investissement de la presque totalité des clivages idéologiques et des organisations reconnus, leurs objectifs totalitaires qui n’épargnent aucun bien commun, l’importance sans précédent des forces mobilisées, les signaux de dépassement de la résistance de la biosphère, nous disent que nous sommes engagés dans ce qui pourrait être la dernière bataille.

Pour sortir du délire, vu les antécédents et les finalités, il est sans doute aussi vain de compter sur une mutation des institutions dominantes que d’espérer résoudre les pollutions et l’augmentation entropique grâce à un progrès technologique renversant. D’ailleurs, l’action d’un pouvoir miraculeusement éclairé serait, par nature, inefficace parce qu’il ne pourrait pas être derrière chacun pour souffler ce qu’il convient de faire. Comme en tous domaines, un changement en profondeur et l’adaptation à toutes les situations ne peuvent être atteints que par un investissement sur l’intelligence de chacun et de tous.

RESTAURER LE POLITIQUE

Du fait de sa déformation de l’histoire des hommes et de ses fantaisies sur l’ordre de la nature, la culture impérialiste ne pouvait nourrir que des utopies. Bien que le mot soit souvent perçu comme sympathique, le décalage de ces projets par rapport aux réalités implique le recours à des subterfuges et à la violence pour leur mise en œuvre. Du libéralisme de marché au communisme d’Etat, en passant par le fascisme, le mouvement Khmer, les colonisations internes en Indonésie et en Amazonie, etc., nous avons eu et nous avons encore maintes occasions de vérifier qu’il ne sort rien de bon de la rupture avec la nature et avec notre nature. C’est un trait caractéristique de la pensée impérialiste de vouloir réaliser ce qui devient techniquement possible sans se soucier du contexte et des conséquences écologiques et sociales. « Administrer un pays, c’est adapter ses structures à ses techniques » (10). Taxer ses opposants d’utopistes n’est qu’une manœuvre de plus de la domination dont un des principaux mots d’ordre à usage interne est: « Adapter le monde à l’utopie« .

Nous sommes très loin de tout cela avec la culture conviviale, loin de toute utopie. Puisqu’elle s’enracine dans le vécu sensible de chacun et des communautés, dans l’histoire, dans la connaissance de la vie, la culture conviviale ne peut inspirer que des projets démocratiques et mesurés. Ces projets visent, non plus à se soustraire aux contraintes de la participation à l’ensemble vivant, mais à s’en accommoder ; mieux : à y puiser plaisir et inspiration. A la peur de la nature et des autres êtres, y compris des hommes différents, qui conduit à la haine et à la domination, la culture conviviale oppose l’empathie pour le monde, l’empathie pour toutes les formes de vie. Elle est la culture réconciliée avec la nature, dans la logique même de l’évolution, comme Darwin lui-même le comprenait. C’est une façon de voir et d’être ouvert au monde qui redonne toute leur importance aux interrelations, à la relativité des situations, à l’interdépendance, au fait que tous les êtres, toutes les entités sont des proches participant au projet de la vie. A la « lutte contre« , la culture conviviale substitue le « vivre en compagnie« , la coopération et la différenciation complémentaire des intérêts et des formes.

La culture conviviale est donc, bien sûr, une culture de la démocratie. Mais, à la grande différence du discours le plus répandu, la culture conviviale souligne que la démocratie ne peut s’accommoder de cette forme d’individualisme qui est une fermeture aux autres et un repli sur des intérêts fantasmés. L’une des fonctions de la dynamique démocratique, c’est au contraire de contrôler les dérives idéologiques et les projets qui risqueraient de parasiter la société, son environnement et obéreraient l’avenir. Cela pour favoriser l’éclosion et le développement des énergies, des compétences et des initiatives accordées au sens de l’intérêt général. Tout autant que la hiérarchie de pouvoir qui confisque la citoyenneté, la propriété privée, quand elle est destructrice, est naturellement remise en cause par la démocratie ; comme elle l’est par la reconnaissance de l’économie de la nature. C’est ce que réclame la grande majorité des peuples dont nous connaissons les espoirs et les luttes : « (…) Que l’on ne détruise aucun bien communal » (un cahier de doléances en 1789), « Nous tendons vers (…) le bien commun ou la communauté des biens » (Gracchus Babeuf, « Manifeste des Egaux« ), car « La communauté, voilà le grand principe de la république » (Grenus). Les dominants ne s’y sont jamais trompés, car, au-delà de la répression des révoltes ou de l’appât du gain généré par la spéculation sur le bien de tous, les massacres de masse, les démolitions de villages ou de quartiers, l’interdiction des pratiques communes et la saisie des communaux, l’industrialisation de l’agriculture vidant les campagnes dans les banlieues, les opérations immobilières sous prétexte de salubrité ou de décentralisation, sont autant inspirés par le souci de casser les structures communautaires et la convivialité. Pourquoi ? Mais pour assécher les sources de l’autonomie relativiste des groupes, des cités, des peuples, pour laisser l’individu isolé et désemparé face à la machinerie de l’accumulation du capital et du pouvoir, pour extirper les racines de la démocratie.

Les chances de réussir à renouer avec les valeurs qui ne mentent pas et à reconstruire les liens sociaux et économiques profitables à tous résident paradoxalement dans le triomphe apparent des structures de l’argent et du pouvoir qui s’est mué en démonstration d’échec. Les contestations et les remises en cause en ont été stimulées, faisant naître quantité d’initiatives et de mouvements sociaux qui vont dans le même sens que les anciennes révoltes. C’est la synergie de ces mouvements et des recherches personnelles qui peut vaincre l’encombrante omniprésence de la culture impérialiste et accoucher d’une civilisation accordée à l’économie de la nature.

Il y a bien sûr le mouvement écologiste qui est loin de se réduire à ses avatars électoralistes. Il porte en lui un message convivial universel, la culture de l’intérêt général, le lien entre démocratie et communauté, la redécouverte (occidentale) des communaux (11)… Enfin, quelques petites choses qui lui ont valu, dès ses origines, d’être la cible des tentatives de sabotage de la bourgeoisie libérale de droite et de gauche (tentatives largement réussies, hélas). Un critère de qualité !

C’est le mouvement des Let’s systems, ou Sels (systèmes d’échanges locaux), des échanges de savoir aussi, qui cultivent les relations d’entraide et de réciprocité.

Et puis ce sont les très nombreux mouvements qui, dans tout le monde moins ou peu industrialisé, résistent à la dictature des marchés et de leurs serviteurs.

Ce sont les peuples autochtones et ceux qui les rejoignent dans leur combat, beaucoup d’autres courants populaires aussi, qui défendent les communaux, les savoirs, la diversité biologique, les modes de production et de vie économes accordés à l’économie de la nature.

C’est cette communauté de soixante-quatre personnes qui, grâce à un élan de solidarité via Internet, a racheté Eigg dans l’archipel écossais des Hébrides en 1997, son île dont elle était spoliée par le système des landlords depuis deux siècles et demi.

Et il y a toujours le mouvement anarchiste où les courants du communisme libertaire – dont Pierre Kropotkine est, avec Michel Bakounine, un théoricien – sont bien vivants. Ce mouvement toujours jeune et le mouvement écologiste sont naturellement proches au travers de la critique de la culture et des structures impérialistes, et de la compréhension des dynamiques holistiques et homéotéliques. Les réflexions et les expériences autogestionnaires et fédéralistes sont une source d’inspiration dans la perspective de la réorientation de l’économie et du politique.

Ces mouvements, et les milliers d’associations d’entraide et de défense témoignent de la vitalité de la notion d’intérêt commun qui toujours resurgit.

Il n’y a donc rien à inventer vraiment mais plutôt beaucoup à redécouvrir, redévelopper, éventuellement réadapter.

C’est le cas de la démocratie dont les caricatures font presque oublier le contenu. En particulier, la démocratie représentative et la politique prétendent constituer l’espace de la concertation et de la coordination en ne constituant et n’entretenant que des hiérarchies de pouvoir, structures fermés par excellence entièrement contrôlées par l’oligarchie du productivisme. Elles sont, pour l’essentiel, le champ d’une lutte continuelle entre des clans qui, au moins, s’entendent sur un objectif : assassiner toute manifestation de véritable démocratie par les moyens du clientélisme, du découragement et de la démission, ou de la répression. En France, on l’a vu, le simulacre de la démocratie couvre la spoliation des biens communs et le partage du butin depuis 1789.

dessin de Yrrah

Un nouvel exemple nous en est fourni au moment où je termine cet article : le Parlement français, de la droite à la gauche, a voté à une écrasante majorité l’extension à 7½ mois par an de la période de chasse aux oiseaux migrateurs. Avec ces oiseaux qui font vivre les ciels et les écosystèmes du nord de l’Europe à l’Afrique du sud, c’est, une nouvelle fois, la vie – bien communautaire international s’il en est – qui est sacrifiée par une fausse démocratie pliée aux fantasmes d’une infime minorité usurpatrice.

L’opprobre jetée de plus en plus souvent sur la politique politicienne ne doit cependant pas détourner du politique, gestion des affaires de la cité. Bien au contraire, il convient de reprendre ses affaires en main, de reconquérir la citoyenneté pour restaurer cet espace du politique qui mérite mieux que d’être encombré par des édifices de corruption et d’incompétence.

La nouvelle émergence de la compréhension du monde, que la culture impérialiste avait refoulée, est accompagnée d’une exigence démocratique forte qui est nourrie par la perception plus claire des interactions entre la communauté, la nation et l’humanité, entre le vernaculaire et le planétaire. Un travail de mémoire sur la spoliation historique des communautés, permettant de mieux débusquer et interpréter les formes actuelles du même processus, devrait stimuler ce mouvement d’ouverture des consciences et de redéfinition des valeurs et des pratiques.

Point besoin de grandes déclarations, de définitions précises de modèles à appliquer à la lettre, de créer de ces organisations qui, très vite, n’écoutent plus qu’elles mêmes. Tentons donc la voie la plus contraire au systèmes dominateur : celle de l’ouverture et de la convivialité. Bien que mes expériences citoyennes soient plutôt décevantes de ce point de vue, je n’en imagine pas d’autre pour éviter de retomber dans les mêmes ornières.

La vie nous l’apprend, le plus important est que l’information, que toute l’information circule librement. Si « libéralisme » a un sens dans l’économie de la nature, bien loin d’être celui du « libre échange » des marchandises et des capitaux à l’échelle planétaire dirigé par les monopoles industriels et financiers, c’est celui de l’information libérée des rétentions, des endiguements et des manipulations exercés par les structures de pouvoir et d’argent ; c’est celui de l’information disponible pour tous.

Un exemple très actuel de la supériorité du libre échange d’information sur la liberté réservée au capitalisme est le succès de Linux, logiciel d’exploitation que son créateur, Linus Torvalds, n’a pas voulu commercialiser, proposant son code source (sa partition) à l’inventivité de tous. En sept ans d’échanges impliquant spontanément des milliers de personnes, Linux, qui au départ tenait en 50.000 lignes de code, s’est enrichi de 950.000 lignes, enfonçant ses très peu performants concurrents commerciaux qui ne peuvent, même avec les plus gros moyens financiers, rivaliser avec l’intelligence collective.

A chaque niveau d’organisation, c’est à chacun d’exploiter l’information libre pour créer sa vie en accord avec l’intérêt général, comme le musicien ose ses variations sur le rythme, comme le surfeur danse son plaisir sur la vague.

Information dans l’information, mouvement dans le mouvement, à la fois stimulés et stimuli, nous pouvons favoriser le développement des interrelations afin de jardiner ces espaces intermédiaires si souvent fertiles en idées, en sympathies et en initiatives. C’est le moyen de développer l’empathie pour les autres et pour le monde sans laquelle on ne peut espérer renverser les logiques impérialistes.

Alain-Claude Galtié

juin 1998

paru dans Silence, septembre-octobre-novembre 1999, n° 248/249/250

(1) Ivan Illich : « Le travail fantôme« , « Le genre vernaculaire« .

(2) Bertrand de Jouvenel, 1976, « La civilisation de puissance« .

(3) « 5000 jours pour sauver la planète« , Goldsmith, Hildyard, Bunyard, McCully, Ed. Chêne.

« The economic value of non-timbers forest products in Southeast Asia« , Jenne De Beer et Melanie McDermott, UJCN Pays-Bas.

(4) Des monnaies qui, intégrant en quelque sorte la loi de l’entropie, perdent de leur valeur ou changent, tout comme les marchandises à l’échange desquelles elles servent, et ne peuvent donc être ni thésaurisées ni utilisées à une quelconque spéculation.

Guy Deffeyes et Catherine Célimènes : « Le nouveau pari monnaie-terre« , Documents Terre Active.

(5) Pierre Kropotkine : « L’Entr’aide« , Chapitre VII, « L’Entr’aide chez nous« .

Hervé Luxardo : « Les paysans, Les républiques villageoises. 10e-19e siècles«, Edit. Aubier-Montaigne 1981.

« Rase campagne. La fin des communautés paysannes« .

(6) Dans le sud de Sumatra, les Kubus vivaient encore, en 1970, dans une forêt s’étendant sur 12.000 km2. Djakarta en concéda une grande partie à des exploitants, puis implanta des « transmigrés » pour cultiver des hévéas et du riz (pour l’exportation). En moins de vingt ans de politique de développement, les deux tiers de la forêt d’origine ont été détruits avec les communaux des Kubus, et les grands animaux ont disparu. Ce qui reste est devenu trop pauvre pour nourrir les Kubus. Il n’y a même plus assez de produits de collecte (comme les rotins) à vendre pour pouvoir acheter du riz, lequel n’est pas une nourriture habituelle pour les Kubus. En 1979, le service des affaires sociales dénombrait 12.000 Kubus. A la fin de l’année 1990, ils n’étaient plus que 2.642.

(7) L’exemple des transports est très parlant : « La fin de l’aberration T.G.V. ?« , Silence n° 215, mars 1997. « Le poids du profit« , Silence n° 261, septembre 2000. « L’auto-déstructuration (voies de communication et communaux)« , Silence n° 304, décembre 2003.

(8) Ivan Illich : « Dans le miroir du passé« , Ed. Descartes & Cie, 1994.

(9) Rapport Louis Armand. Jacques Rueff, 1960.

Philippe Desbrosses : « Le Krach alimentaire. Nous redeviendrons paysans« , Ed. Le Rocher 1988.

Eric Fottorino : « La France en friche« , Ed. Lieu Commun 1989.

(10) Louis Armand, co-signataire du rapport qui donna le coup de grâce au monde rural, héros de la technocratie française, devant les élèves de l’Ecole Nationale d’Administration.

(11) Le Vol. 22 N° 4 de July/August 1992 de The Ecologist était entièrement consacré à la question des communaux.