La purification ethnique mise en place par les Sionistes

La purification ethnique mise en place par les Sionistes

par Moïse Saltiel 1996

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En créant Israël, les Sionistes se donnaient comme objectif la purification ethnique des Palestiniens de leur patrie millénaire et l’enracinement, sur leurs terres vidées de ses fellahs, de colons juifs ashkénazes d’Europe et d’Amérique.

Les Juifs arabo-orientaux du monde arabe et musulman et autres pays du Tiers Monde, qui actuellement forment la majorité de la population juive d’Israël, n’étaient pas bienvenus, car ils étaient porteurs du virus néfaste de la levantinisation du futur État juif.

Pour parvenir à leur objectif, les dirigeants sionistes étaient prêts à transformer le futur État en bastion stratégique, au Moyen-Orient, de la puissance mondiale qui leur permettrait d’atteindre leurs objectifs.

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, qui fut l’ère de démantèlement des empires coloniaux, tant l’Union soviétique que les États-Unis ne pouvaient se permettre de s’installer directement dans le Moyen-Orient pétrolifère.

Les deux superpuissances espéraient, en aidant à la création d’Israël, pouvoir utiliser le futur État pour renforcer leur influence dans la région.

Ceci cadrait également avec les objectifs du Sionisme.

Shimon Peres, le leader du Parti travailliste, se déclare différent du Likoud. Il n’en est rien. Dans une interview de 1991, il présente une politique similaire. Il déclare : « Pour moi, il est plus important d’intégrer les nouveaux immigrants que d’avoir des Arabes sous contrôle israélien« .

À la question : Pour être plus précis, proposez-vous la restitution des territoires occupés ? Il déclare : « Pas tous les territoires… Ce qui est certain, c’est qu’Israël ne peut renoncer à Jérusalem, ni à ce que les territoires évacués soient démilitarisés, la démilitarisation devant être assurée par une présence militaire israélienne » (Cohen – Libération, 31.1.1991).

L’échec démographique total du mouvement sioniste

Un siècle après la fondation du mouvement sioniste et un demi-siècle après l’établissement d’Israël, force est de constater que le mouvement sioniste a échoué dans ses plans de purifier ethniquement la Palestine de sa population indigène, de la remplacer par une population de Juifs ashkénazes d’Europe et d’Amérique, et de ne contrôler qu’une petite minorité de Juifs arabo-orientaux indigènes des mondes arabes et musulmans pour les travaux serviles.

Pire encore.

La population palestinienne vivant dans le Grand Israël, et en partie déportée dans les pays limitrophes, a plus que décuplé en 80 ans, passant de 600 000 en 1917 à environ 7 millions en 1996.

Elle s’accroît annuellement à un rythme de plus de 40 fois supérieur à celui des Juifs ashkénazes du pays, fondateurs de l’État d’Israël.

Seule la croissance naturelle annuelle des Juifs arabo-orientaux, dont 80% ne sont en fait que des Arabes de confession juive, originaires du monde arabe allant de l’Atlantique au Golfe Persique, et les autres originaires d’autres pays musulmans, permet de réduire cette croissance à seulement cinq fois.

La venue entre 1989 et 1996 de plus de 650 000 immigrants juifs ashkénazes et autres de l’ex-Union Soviétique n’a eu aucun effet sur la croissance naturelle des Juifs ashkénazes. Comme on peut le constater à partir des données officielles, la venue entre 1989 et 1993 de plus de 400 000 immigrants de l’ex-Union Soviétique n’a eu aucun effet sur la croissance naturelle de la population européenne ashkénaze d’Israël.

Tandis que la venue de ces immigrants avait accru le nombre de naissances des Ashkénazes de 1 200 âmes, le nombre de décès de cette communauté s’était accru de 4 200.

C’est Ora Namir, Ministre du travail, qui en octobre 1994, en exigeant une immigration sélective, nous en fournit l’explication.

D’après Namir, un tiers de ces immigrants sont des vieillards, un tiers des gens malades nécessitant des soins, et le dernier tiers des familles brisées.

A cela s’ajoute le fait que beaucoup de jeunes immigrants soviétiques, ne trouvant pas d’emploi convenable, émigrent vers les États-Unis et autres pays occidentaux.

L’étude montre aussi que chez les Juifs ashkénazes, le nombre des décès en 1992 égale 80% du nombre des naissances.

L’explication est la suivante. Les générations de ces Juifs venus avant 1948 sont en train de disparaître, tandis qu’une forte proportion de leur progéniture a émigré vers les États-Unis et autres pays occidentaux.

Pour parer à cet état de fait, les dirigeants d’Israël, qu’ils fussent travaillistes ou du Likoud, ont encouragé le développement de séminaires religieux. Leurs élèves ont comme principale activité l’étude des textes sacrés. Ils vivent sur les deniers de l’État, se marient très jeunes et élèvent des familles nombreuses. Ils étaient moins de 10 000 en 1948. Ils dépassent de beaucoup les 100 000 actuellement.

Ce sont eux qui vont peupler les implantations religieuses de la Cisjordanie et accroître la population de Jérusalem.

Une partie de ces séminaristes étudie dans les « séminaires d’arrangement » (avec Tsahal) et va renforcer le nombre d’officiers portant calotte (signe de leur foi). Malgré le fait que le Parti National Religieux ne détient que 8 % des sièges de la Knesset, les officiers portant calotte forment un tiers des cadres de Tsahal.

L’extension coloniale de l’État sioniste

Pour créer leur État, les Sionistes ashkénazes étaient prêts à commettre tous les crimes possibles.

Durant la Guerre de 1956 contre l’Égypte, Tsahal perdit moins de 200 hommes.

Durant la Guerre des 6 jours en 1967, qui permit à Israël de quadrupler son territoire, ses pertes s’élevèrent à 600 hommes.

Mais en 1948, date de la proclamation de l’État, les pertes s’élevèrent à plus de 6 000 hommes.

La raison en est la suivante… En 48, plus de la moitié de l’armée israélienne était composée de jeunes rescapés des camps de concentration nazis, souvent seuls survivants de leur famille. Ils n’avaient eu aucun entraînement militaire. Les expédier au front était un crime. (Zemanim moderniim, 3.5.1995 (en hébreu)). Arrivés en Israël on leur donnait un fusil entre les mains et on les envoyait au front. Leurs pertes étaient terribles.

Ceci permit à Israël d’agrandir son territoire fixé par les Nations Unies, de 16 000 à 21 000 km², et d’occuper toute la partie ouest de Jérusalem.

Lorsque Ytzhak Rabin a opté pour la création d’une entité palestinienne à côté d’Israël, il ne l’a pas fait par magnanimité, mais par réalisme.

Il avait déclaré en 1993: « Si je pouvais noyer la Bande de Gaza et ses Palestiniens dans la Méditerranée je l’aurais fait. Mais la chose est impossible« .

C’est ce qui l’a poussé à signer le 13 septembre 1993 les accords d’Oslo qui ont arrêté l’Intifada déclenchée par les Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

Ceci a permis aux colonisateurs sionistes de continuer leur travail de judaïsation de la Cisjordanie et la Bande de Gaza.

La destruction institutionnalisée des terres arables de la Terre Sainte aurait dû, normalement, avoir des conséquences désastreuses sur l’alimentation de ses populations. Il n’en est rien. Les importations alimentaires si généreusement distillées par les USA ont compensé toutes ces pertes…

L’occupation de l’espace contrôlé par Israël

La Guerre des Six Jours (juin 1967) quintupla l’espace contrôlé par Israël par rapport aux résolutions des Nations unies de 1947 et permit une nouvelle « purification ethnique » de plus de 400 000 Palestiniens et Syriens hors du nouveau mini-empire.

Mais seuls 11 kibboutzim vinrent s’y installer de 1967 à 1972.

Pour coloniser ces nouveaux espaces, les dirigeants travaillistes Levy Eshkol et Golda Meïr, n’ayant plus de pionniers kibboutziques séculiers à leur disposition, créèrent, grâce à un financement très généreux, un nouveau type de colon religieux financé par l’État, dont le rôle majeur n’était pas la production agricole, mais l’occupation des espaces conquis « ethniquement purifiés » des Palestiniens autochtones.

Les dirigeants kibboutziques virent, dans ces colons orthodoxes, un nouveau type de « pionnier » qui allait permettre d’occuper de nouveaux espaces et obligeraient les Palestiniens à s’expatrier. Un de ces dirigeants kibboutziques, Ephraïm Ben Haïm, déclarait: « Je suis fier de Hanan Porat*, qui s’est installé au Goush Atzion. Je suis fier du rabbin Levinger** qui s’est installé à Hébron« .

* initiateur de la première colonie établie par force et par ruse au milieu d’un territoire densément peuplé.

** un extrémiste particulièrement violent maintes fois inculpé et condamné, y compris pour homicide.

Un autre dirigeant, Israël Galili, du kibboutz Naan, ne cachait pas son admiration pour Levinger. Le Ministre Yigal Allon, du kibboutz Guinossar, passa la première fête de Pâques à Hébron (Levy Guidéon, Haaretz, 6.3.1994).

Le nombre d’implantations religieuses et de séminaristes ne cesse d’augmenter. Ils étaient moins de 10 000 au moment de la création de l’État . Ils sont actuellement plus de 100 000. Ces séminaristes, financés par l’État, dont la plupart ne font pas de service militaire et dont l’activité principale est l’étude des textes sacrés, se marient très jeunes et élèvent des familles nombreuses. Mais une partie de ses séminaires, dénommés séminaires d’arrangement (avec Tzahal), a pour tâche de former des officiers fanatiques religieux pour l’armée.

Yigal Amir, l’assassin de Rabin, en était un de ses diplômés.

Une autre pépinière de religieux fanatiques est l’Université Bar Ilan, que Yigal Amir a aussi fréquentée.

Peu à peu, les jeunes séculiers ne désirant pas faire carrière dans Tzahal, leur place est prise par des orthodoxes. Actuellement, un tiers des officiers de Tzahal sont des jeunes portant calotte.

Le Parti National Religieux, représente moins de 10 % de l’électorat. Mais les dirigeants israéliens, qu’ils soient membres du parti travailliste ou du Likoud, ne parlent que de sécurité. Sécurité pour qui ?

Les meurtres organisés des autochtones

Des dizaines de meurtres de Palestiniens commis par des colons des implantations religieuses en Cisjordanie n’ont jamais été élucidés.

Le Président d’un des Conseils régionaux de Cisjordanie, Pinhas Valenstein, accusé d’avoir tué un Palestinien et d’en avoir blessé un autre, a été condamné à quelques mois de travail communautaire (Haaretz, 24.2.1994).

Le rabbin Levinger, qui avait tué un commerçant de Hebron, fut condamné à trois mois de prison. Il se déplace maintenant en Cisjordanie sous la protection de deux soldats de Tsahal.

Comme Esaü a vendu son droit d’aînesse à Jacob pour un plat de lentilles, Arafat est en train de marchander les droits inaliénables du peuple palestinien sur sa terre pour un petit Bantoustan.

Trois ans après la signature des accords d’Oslo et de négociations, Arafat contrôle moins de 6% des 5 900 km2 de la Cisjordanie et la Bande de Gaza occupés en 1967, soit 1,5 % de la surface de la Palestine mandataire.

En échange, Arafat se charge de l’emprisonnement, de la répression et de la torture, suivie très souvent de la mort, de ceux qui contestent sa politique.

Ce qui ne fait que renforcer le malheur des populations autochtones.

Les atrocités commises tous les jours par les services secrets israéliens et Tsahal envers les Palestiniens sont peu couvertes par la presse occidentale, tandis que tout attentat anti-israélien reçoit toute son attention.

Le nombre de dirigeants palestiniens éliminés par ces services secrets israéliens s’accroît d’année en année.

Un rapport de B’Tselem, l’organisme israélien de la défense des droits de l’homme, déclare que 20.000 Palestiniens ont été arrêtés en 1991, et que 5.000 d’entre eux ont été torturés.

Des techniques proscrites par des traités internationaux signés par Israël sont pratiquées (International Herald Tribune, 2.4.1992).

Le nombre de Palestiniens tués par Tsahal sans raison valable ne fait qu’augmenter.

En février 1988, des soldats de Tsahal ont été arrêtés pour avoir essayé d’enterrer vivants 4 Palestiniens d’un village près de Naplouse (Yédiot Hahronot, 15.2.1998).

En avril 1996, Shimon Peres a donné l’ordre de déverser sur le Liban Sud plus de 5 000 tonnes de bombes qui ont fait fuir un demi-million d’hommes de leurs foyers, de bombarder Kafr Kana, ce qui a causé plus de 200 morts et des centaines de blessés.

Aucune sérieuse protestation n’a été prononcée de la part du Président Clinton.

Moïse Saltiel 1996

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Sylvain Cypel: l’Etat d’Israël contre les Juifs

Journaliste, fin connaisseur d’Israël, Sylvain Cypel publie un essai fortement documenté dont le titre ne manquera pas de faire débat: « L’État d’Israël contre les Juifs ». Pour le résumer succinctement, ce livre est le récit d’une longue dérive de l’État d’Israël vers un régime ethniciste, raciste, belliqueux, faisant un usage systématique et disproportionné de la violence à l’encontre des Palestiniens. C’est la mise en place progressive de ce qui ressemble fort à un régime d’apartheid, c’est aussi un régime illibéral passant des alliances avec des régimes autoritaires. Et c’est cette dérive, écrit Sylvain Cypel, menace aujourd’hui les Israéliens eux-mêmes mais aussi les juifs du monde entier.

La dérive extrémiste de l’État israélien entraîne les Juifs, y compris les Juifs de la diaspora, vers une calamité.