Établissement d’un État palestinien sur une parcelle de sa terre ?
Établissement d’un État palestinien sur une parcelle de sa terre ?
par Moïse Saltiel, 23 07 1918 – 21 07 2007
Né dans la grande communauté juive de Thessalonique qui allait être décimée par les nazis. Moïse Saltiel était un Israélien de la première heure. Mais il était aussi anti-sioniste.
Agronome de sensibilité écologiste, il était fin connaisseur des destructions écologiques provoquées par la brutalité des colonisateurs sionistes qui, loin d’avoir développé l’agriculture en Palestine et « fait verdir le désert« , n’ont cessé d’étendre celui-ci.
Et il n’a pas vu la multiplication des colonies bétonnées et de leurs routes en tous sens, et la construction des murs de la honte !
Sous le pseudonyme de Maurice Jacoby, il publiait ses articles dans Témoignage Chrétien, jusqu’à ce que ce journal commence à le censurer dans les années 1990.
Plusieurs de ses articles ont été publiés par le mensuel écologiste Silence (ainsi : Palestine-Israël : l’heure de vérité ?, n° 212-213, janvier 1997).
.
.
Dans l’état actuel des choses, l’établissement d’un État palestinien en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza relève d’une utopie.
Ce n’est pas sur un territoire de 5 900 km2, dont les deux tiers sont occupés par des implantations juives, des terrains militaires, des routes, des entrepôts militaires, sans terres agricoles et sans ressources aquifères ou minières que l’on pourra établir un État palestinien viable, capable d’héberger 7 millions d’âmes, et avec une population qui s’accroît d’environ 220 000 âmes par an.
Trois années après la signature des accords d’Oslo, l’Autorité palestinienne ne contrôle que moins de 6% de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, soit moins de 400 km2.
À ce rythme-là, il faudrait plus d’un demi-siècle pour libérer ces territoires.
Mais durant ces trois ans, la population palestinienne dans l’ex-Palestine mandataire et la diaspora s’est accrue de 650 000 à 750 000 âmes.
Dans ces conditions, la création d’un État palestinien peut être remise aux calendes grecques.
La seule solution réaliste envisageable pour résoudre le problème palestinien, si on ne veut pas que le pays devienne un champ de bataille nucléaire qui transformerait la Terre Sainte en un désert lunaire est la création sur le territoire de l’ex-Palestine mandataire d’un État multinational, où Juifs séculiers ou orthodoxes, Palestiniens islamistes ou chrétiens vivraient côte à côte.
Cet État hébergerait les 3,5 millions de Palestiniens que les Sionistes n’ont pas réussi à déporter; les plus de 3 millions des Palestiniens expulsés en 1948 et 1967 et leur progéniture qui ne demandent qu’à revenir dans leur patrie ; les 2 millions de colonisateurs Juifs ashkénazes et leurs descendants ; les 2.5 millions d’Arabes et citoyens d’autres pays musulmans de confession juive et leur progéniture, qui vivaient dans le monde arabe et musulman allant de l’Atlantique au Golfe Persique et qu’on a fait venir par la force et par la ruse pour parer au fait que les Juifs ashkénazes ne voulaient pas d’Israël.
Ces Juifs arabo-orientaux, que les dirigeants ashkénazes méprisaient autant que les Palestiniens forment avec ces derniers vivant dans le Grand Israël 75 % de la population.
Si on considère aussi les Palestiniens déportés qui ne demandent qu’à revenir, les Palestiniens et les Juifs anciens citoyens du monde arabe et autres pays musulmans formeraient 82% de la population de la Terre Sainte.
Le rétablissement d’un État arabe sur le territoire de l’ex-Palestine mandataire est d’autant plus réalisable que plus de 4/5ème de sa population sont des Arabes. Des Arabes de confession islamique, de confession chrétienne, de confession juive ou autre.
Les colonisateurs Juifs ashkénazes d’Europe et d’Amérique sont moins de 20%.
La Palestine redeviendra une partie du monde arabe qui ne sera plus un obstacle à l’établissement des États-Unis arabes.
Quant au pétrole, principale richesse de ce monde, il est temps qu’il serve à développer les 300 millions résidents du monde arabe vivant dans la misère, dont la population s’accroît au rythme de 4% l’an.
Quant à la croissance naturelle annuelle des Juifs ashkénazes d’Israël, population décroissante et vieillissante dont les jeunes émigrent vers l’Occident, elle est négligeable par rapport à celle des Palestiniens et des Juifs arabo-orientaux.
N’étaient les familles nombreuses des jeunes séminaristes orthodoxes, qui sont plus de 100 000, se marient très jeunes et élèvent de nombreux enfants, cette croissance aurait été négative.
De plus, compte tenu de l’émigration annuelle d’une forte proportion des jeunes Ashkénazes vers l’Occident, elle vieillit et se réduit chaque année.
Cette réduction n’est pas enregistrée dans les bilans démographiques du pays, car pour être considéré comme émigrant, il faut ne pas revenir dans le pays durant 7 ans.
D’ailleurs la population actuelle de la Palestine est très majoritairement composée de Palestiniens que les colonisateurs ashkénazes n’ont pas réussi à éliminer, d’Arabes et autres citoyens de pays musulmans de confession juive que les dirigeants sionistes ont fait venir pour parer au fait que les Juifs ashkénazes de la planète ne voulaient pas s’établir en Israël.
Les Juifs d’Afrique du Nord qui étaient moins de mille lors de la création d’Israël en 1948 comptent avec la première génération née en Israël plus de 600 000 âmes.
Quant à la troisième et quatrième génération, elles perdent leur statut communautaire et sont considérées comme des Israéliens tout court.
L’avenir que les dirigeants sionistes réservaient aux 720 000 déportés palestiniens de 1948 est détaillé dans une note des années 50 trouvée dans les archives du Ministère des Affaires étrangères dirigé alors par Moshé Sharet : « les réfugiés trouveront leur place en diaspora.
Certains résisteront, d’autres non.
La majorité deviendra un rebut du genre humain et se fondra dans les couches les plus pauvres du monde arabe » (Kapéliouk A., Le Monde Diplomatique, décembre 1986).
Mais l’Histoire en a décidé autrement.
Les Palestiniens, qui n’étaient que 600 000 en 1917, forment actuellement un peuple de près de 7 millions, dont la moitié continue à vivre sur le territoire de l’ex-Palestine Mandataire.
Le Professeur Michael Hersgor et Maurice Stroum viennent de publier en 1991 « L’imbroglio Israelo-Palestinien« . Lors d’une conférence qui a suivi cette publication, Hersgor a déclaré : « Les Palestiniens sont le peuple arabe le plus évolué. Ce sont les Juifs du monde arabe.«
La création de deux États – l’un Juif et l’autre Palestinien sur le territoire de 26 000 km2 de l’ex-Palestine Mandataire – n’est qu’un miroir aux alouettes.
La signature par Arafat et Rabin des accords d’Oslo en septembre 1993 à Washington avait donné espoir à ceux qui souhaitaient voir la paix s’établir en Terre Sainte.
Trois années se sont écoulées depuis.
Les dirigeants israéliens en ont profité pour accroître le nombre des implantations religieuses et autres ; élargir les frontières municipales de la Jérusalem juive, coupant ainsi la Cisjordanie en deux ; créer un dense réseau routier qui transforme la Cisjordanie en un échiquier à cases arabes séparées les unes des autres…
Qu’ont obtenu les Palestiniens en échange ?
Une autonomie municipale sur quelques Bantoustans et Sowetos sur 6% des territoires de la Cisjordanie et la Bande de Gaza, soit sur moins de 400 km².
Si les États-Unis et autres puissances occidentales veulent éviter une nouvelle guerre qui aura des conséquences néfastes sur l’approvisionnement de l’Occident en pétrole, et pourrait créer une troisième Guerre mondiale, la seule solution réaliste est la création d’un seul État pour tous ses habitants.
Un tel État sera obligé d’aborder les problèmes liés aux catastrophes écologiques et humanitaires que l’établissement de l’État sioniste ashkénaze a créé de toute pièce.
Moïse Saltiel, Paris 1996