Le vol suspendu du Télébus et du moteur linéaire Guimbal

Le vol suspendu du Télébus et du moteur linéaire Guimbal

chapitre 6, complément n°2

Les Aérotrains n’ont pas été les seules technologies performantes victimes du système de la croissance marchande régenté par les lobbies les plus nuisibles ! Ainsi le moteur linéaire Guimbal et le Télébus…

Le Télébus, cette invention des années 70 restée dans les cartons

Un ingénieur stéphanois, Jean-Claude Guimbal, avait imaginé un système de navettes autonomes sur coussins d’air. Présenté à la foire économique de Saint-Etienne en 1978, le prototype avait fait sensation auprès du public mais n’a pourtant jamais vu le jour…

le Télébus de Jean-Claude Guimbal

le Tridim de Jean Bertin


Jean-Claude Guimbal, également inventeur du moteur linéaire le plus performant de l’époque (a), avait imaginé un système de navettes autonomes sur coussins d’air. Présenté à la foire économique de Saint-Etienne en 1978, le prototype avait fait sensation auprès du public mais n’a pourtant jamais vu le jour…

Le Télébus est un transport en commun automatique sur rails, propulsé par des moteurs électriques linéaires de conception révolutionnaire, brevetés le 26 août 1970. D’un fonctionnement semblable à celui d’un ascenseur, le Télébus est propulsé par des organes fixes. Les rames sont ainsi débarrassées de toute motorisation et de cabine de conduite.

L’ingénieur qui a conçu le Télébus, le Stéphanois Jean-Claude Guimbal, a réfléchi à une voie aérienne unique, car les rames se croisaient dans les stations. Grâce à une motorisation fournie par la voie, on est assuré, qu’en aucun cas, deux rames ne peuvent partir en sens inverse et rentrer en collision.


Le premier « ascenseur horizontal » qui permet d’éviter les bouchons

Si la ligne est aérienne, en revanche les stations au sol sont privilégiées pour le confort des passagers. Silencieux, non polluant, presque inusable, « ce premier ascenseur horizontal » permet de pallier les embouteillages.

Sur le plan économique, ce dispositif s’avère très performant. Allégées, les rames consomment moins d’énergie et deviennent moins coûteuses. Les dépenses en personnel sont faibles, du fait du système automatique, rustique et nécessitant très peu d’entretien.

Le ministère des Transports s’intéresse immédiatement à ce système de motorisation et songe à l’utiliser pour l’aérotrain de Bertin, mais se refuse à financer le Télébus.

Pour montrer la faisabilité du projet, Jean-Claude Guimbal réalise dans son atelier une ligne expérimentale de 30 m de long, avec une cabine à deux places lancée sur un plan incliné de 4 m de hauteur qui redescend, freinée par les moteurs. Intéressé, l’État ne finance pas ce système.

Plusieurs conseillers municipaux ont testé ce système de transport non traditionnel. En 1978, une ligne de 200 m est installée à la Foire de Saint-Étienne avec une cabine à 22 places. Ce prototype est présenté sur toutes les actualités télévisées nationales. De nombreuses personnalités viennent le voir fonctionner.

Mais, finalement, les pouvoirs publics s’obstinant à installer le moteur sur les véhicules, le projet de Télébus propulsé par des moteurs linéaires n’est pas étendu. Pourtant, ce principe est actuellement en voie de développement au Japon.

Un développement impossible

La présentation du Télébus à la Foire de Saint-Étienne 1978 fait sensation par sa simplicité technologique. Les municipalités de plusieurs villes sont intéressées. Ses caractéristiques économiques et son intégration harmonieuse dans le paysage urbain constituent les qualités principales de ce transport.

Jean-Claude Guimbal est approché par la Ville de Monaco pour réfléchir à un trajet plutôt féerique qui traverse les calanques, monte au musée océanographique et passe à proximité du port. Faute de constructeur acceptant de réaliser la motorisation pour des raisons de non-concurrence avec une société française qui fabrique des moteurs linéaires conventionnels (Merlin-Gerin), le projet est abandonné.

En 1989, la ville d’Andrézieux-Bouthéon sollicite l’ingénieur stéphanois pour une ligne de 1,5 km. Mais après avoir fait une étude complète avec des entreprises locales pour la réalisation de ce trajet, la Direction départementale de l’équipement bloque le projet.

Muriel DEMIRTJIS (article emprunté au site Lyon en ligne)

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(a) Un moteur linéaire Merlin-Gerin était encore au stade expérimental. Il avait un rendement médiocre, mais le Rohr Aerotrain Tracked Air-Cushion Vehicle (TACV) américain en a été équipé. Le Merlin-Gerin aurait dû être remplacé par le moteur Guimbal (de l’ingénieur Jean-Claude Guimbal) qui était nettement plus performant. D’obscures rivalités industrielles l’ont empêché et, du fait de l’insuffisance de la traction électrique, le Rohr a été abandonné !

On ne peut s’empêcher de supposer que cet embrouillamini devait beaucoup aux préférences très intéressées des plus puissants lobbies industriels pour le ferroviaire à grande vitesse.

« Il faut noter les résultats acquis et oubliés à ce jour, par ce moteur à induit en U inventé par Jean Guimbal. Un prototype réalisé par la société CELDUC allait atteindre en 1979 la vitesse de 180km/h alimenté directement sur le réseau triphasé, en 1984 la vitesse de 300km/h est atteinte avec un moteur alimenté par un onduleur MLI à thyristor d’une  puissance d’un mégawatt. C’est pour la mise au point de ce moteur linéaire que le laboratoire d’essais de la “Roue de Grenoble“ a été construit vers 1972 pour la caractérisation des moteurs linéaires asynchrones destinés à la propulsion du véhicule sur coussin d’air conçu par Jean Bertin. Dimensionné par Creusot-Loire pour la validation expérimentale de la motorisation électrique du monorail “Aérotrain“, ses caractéristiques restent étonnantes à ce jour : 12m de diamètre, 400km/h et une inertie correspondant à une masse de 25 tonnes reportée en périphérie. Ce moyen d’essais était et resté pertinent pour les validations et mise au point des systèmes linéaires innovant à grande vitesse en permettant de lever certains risques techniques et donc de réduire les risques financiers (…) »

La Roue de Grenoble : un instrument unique pour une technologie originale – le Moteur Linéaire, par Gérard Coquery, La Revue 3EI, octobre 2018

https://fr.scribd.com/document/691084938/la-roue-de-grenoble-un-instrument-unique-pour-une-technologie-originale-le-moteur-lineaire

The Rohr Aerotrain Tracked Air-Cushion Vehicle (TACV)

https://sites.google.com/site/rohraerotrain

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