Une manipulation anti-écologiste mondiale : l’Appel de Heidelberg
l’Appel de Heidelberg, une manipulation anti-écologiste mondiale
Avant la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, en juin 1992 à Rio de Janeiro, les prédateurs-pollueurs ont lancé une campagne mondiale de désinformation pour contrer les alertes écologistes.
Pour l’initiative et la réalisation, c’était un produit d’origine française. Encore.
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sommaire
Amiante et Appel de Heidelberg
par Henri Pézerat
La cécité absolue d’une bande d’autruches
par André Langaney
Dénigrer et fragiliser pour supprimer les obstacles à la croissance
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Autres analyses :
L’appel d’Heidelberg, une initiative fumeuse
La foudre et le ciel
L’appel de Heidelberg : entre arnaque, idéologie et lobby
Climat : quand 72 prix Nobel traitaient les écologistes de charlatans
15 000 scientifiques, et une planète sourde
Environnement : comment les lobbys industriels ont torpillé l’avertissement de 1992
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Prenant conscience de la manipulation, beaucoup de signataires se rétractèrent ensuite, tel Henri Laborit.
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Amiante et Appel de Heidelberg
par Henri Pézerat
Depuis les années 30, les producteurs et industriels de l’amiante cherchent à nier ou à minimiser les risques liés à l’utilisation de ce matériau (1). En France, pour faire face à la campagne des années 70 contre l’amiante (2), l’industrie a eu recours à un cabinet de relations publiques parisien, le cabinet Valtat qui s’est spécialisé dans la défense des industries polluantes.
Deux opérations sont significatives du mode d’action de ce cabinet, celles menées sur l’amiante et sur le cadmium.
Dans les deux cas, un groupe informel est constitué (Comité Permanent Amiante, Collectif pour l’étude du cadmium) n’ayant ni statut officiel, ni structure permanente, hormis bien entendu celle du cabinet Valtat qui en assure l’animation et le secrétariat. Sont ainsi regroupés des « représentants des groupes sociaux et organismes intéressés par les questions abordées en commun » (3) : représentants de l’industrie concernée, de divers Ministères, d’organisations syndicales, d’organismes publics et d’associations. Dans le cas de l’amiante, des personnalités représentant le milieu médical sont également membres du comité ad hoc, quelques experts ayant été entendus par le Collectif cadmium.
L’objectif officiel de ces comités est de rassembler une documentation permettant de fournir des solutions concrètes aux problèmes d’hygiène et de sécurité susceptibles de se poser. C’est ainsi par exemple que le Comité Permanent Amiante (CPA) a rédigé et diffusé en 1984 dans un certain nombre d’entreprises, une brochure « L’amiante et votre santé », utile car donnant un minimum d’informations sur les risques du matériau et leur prévention. Il est à remarquer d’ailleurs qu’un brochure portant le même titre et ayant le même objet avait déjà été diffusée dès 1976 par les Chambres Patronales du secteur amiante.
En réalité dans les deux cas (amiante et cadmium), les textes publiés par les comités montrent que l’objectif de défense du matériau l’emporte toujours sur la mise en garde contre ses dangers. C’est du CPA qu’est né le mythe de « l’usage contrôlé de l’amiante« , figure centrale de toutes les campagnes de propagande tant de l’industrie française que de l’association qui regroupe les industries du même type au niveau mondial. A noter que cette dernière, l’Association Internationale de l’Amiante, est présidée depuis 1993 par une personnalité française, membre du CPA, et représentant de la firme Everit, c’est à dire du Groupe Saint-Gobain, troisième producteur d’amiante au plan mondial grâce aux gisements du Brésil. Au passage disons qu’il est difficile de ne pas rapprocher ce fait de la politique de présence de ce Groupe tant auprès des divers Ministères que de certains milieux médicaux et de toutes les instances décisionnelles.
Un certain nombre d’autres initiatives apparues au cours des années 92 et 93 montrent que la création successive des Comités Amiante et Cadmium s’intègre maintenant dans une stratégie globale, au plan international, visant à enrôler les scientifiques dans la défense des intérêts économiques étroits des entreprises mettant sur le marché des substances dangereuses. C’est ainsi qu’on retrouve un rôle moteur indéniable du Cabinet Valtat dans la création du « Centre International pour une Ecologie Scientifique » et pour le lancement de l’Appel d’Heidelberg (4).
Il est d’ailleurs frappant de rapprocher les textes issus des Comités Amiante et Cadmium de l’extrait ci-dessous de l’Appel de Heidelberg : « Nous soulignons que nombre d’activités humaines essentielles nécessitent la manipulation de substances dangereuses ou s’exercent à proximité de ces substances et que le progrès et le développement reposent depuis toujours sur une maîtrise grandissante de ces éléments hostiles, pour le bien de l’humanité. Nous considérons par conséquent que l’écologie scientifique n’est rien d’autre que le prolongement de ce progrès constant vers des conditions de vie meilleures pour les générations futures« .
On retrouve dans tous ces textes le même fil conducteur : la nécessité « pour le bien de l’humanité » d’utiliser des substances et technologies dangereuses pour les hommes et pour les écosystèmes. Et la même tactique prônant l’alliance de la logique scientiste et de la logique mercantile.
Henri Pézerat
Silence n° 185/186 – janvier 1995
(1) Lilenfield D.E. (1991). Am. Jal of Public Health, 81, 6, 791-800.
(2) Collectif Jussieu (1977), Danger ! Amiante, éditions Maspero, Paris.
(3) Cabinet Valtat ou Comité Permanent Amiante, 10, avenue de Messine, 75008 Paris *.
(4) L’Appel de Heidelberg a été publié lors du Sommet de Rio. Voir Silence n° 157 et 160.
* Le nom exact du cabinet Valtat était « Communications économiques et sociales » (CES)
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La cécité absolue d’une bande d’autruches
André Langaney, Libération du 12 juin 1992
François Jacob dit souvent qu’il y a autant d’imbéciles et de salauds parmi les scientifiques réputés que parmi n’importe quel autre groupe social. Il y a aussi autant de naïfs, pleins de bonne conscience incompétente. À côté d’un certain nombre d’évidences de soutien aux objectifs proclamés de Rio et de vœux pieux d’amélioration des conditions de vie des pays du Sud, l’Appel d’Heidelberg utilise le prétexte de la lutte contre l’« écopoésie » pour apporter un soutien inconditionnel au libéralisme sauvage et à la mainmise du système industriel sur la science et l’éducation. Pas plus que dans l’ordre du jour de Rio, les vrais programmes humain n’y sont évoqués. On y confond délibérément croissance industrielle, augmentation des profits et des PNB avec le développement humain exprimé en termes de satisfaction des besoins élémentaires de subsistance, d’éducation, de culture et de confort. On y assimile, une fois de plus, la recherche de connaissances à but humanitaires, sanitaires et éducatifs avec la recherche frénétique de production, de gadgets éphémères, inutiles ou dangereux, mais sources d’invraisemblables profits industriels et commerciaux. Peu importe si les matières mal utilisées ne sont pas renouvelables, si l’environnement devient cauchemardesque en certains lieux, et si la peine humaine qui produit pourrait être utilisée pour de meilleures causes. Cette sinistre confusion des buts de la recherche et de la technologie est religion d’État en France, sous nos ministères de la Recherche et de la Technologie, puis de la Recherche et de l’Espace, ou à la Cité des Sciences et de l’Industrie. Les institutions que se préoccupent seulement de savoir et d’éducation peuvent crever dès lors qu’elle ne rapportent rien au grand capital ou au pouvoir. Nul doute que ce serait un dogme des Européens de Maastricht si on les laissait fermer leur Europe du fric plutôt que d’ouvrir le Continent au monde en respectant les cultures locales. Un grand merci aux Danois de nous donner l’exemple de ce qu’il faut voter et de rappeler que les peuples démocrates peuvent bousculer des consensus ou des majorités de partis politiques vénaux et corrompus !
Les États-Unis et la plus grande partie de l’Europe ont connu ces vingt dernières années une formidable régression sociale parallèle à une croissance en général soutenue de la production industrielle. La progression du chômage et de la misère, l’inadmissible développement d’un quart-monde affamé dans les pays les plus riches, la régression des prestations éducatives et médicales pour la majorité des populations développées, la violence et l’insécurité qui en résultent aux États-Unis et bientôt chez nous, sont les résultats du culte du marché et de la mainmise des multinationales du profit sur nos biens faibles pouvoir politiques. L’échec du fascisme soviétique, lui aussi productiviste d’ailleurs, et la régression des social-démocraties, ne laissent, pour l’instant, aucune alternative crédible à un monde de marchands qui court au désastre écologique et, surtout, humain.
Poser, comme à Rio, le problème en termes Nord-Sud est ridicule parce que le racket sur les matières premières précieuses ou l’exploitation inhumaine des travailleurs pauvres sont mondiaux t que les minorités ultra-privilégiées en profitent largement, au Sud comme au Nord, et de manière au moins aussi cynique. Le chômage et la misère sont la clé de la compétitivité industrielle, au Nord comme au Sud. Et l’on regrette à peine que des Etats préfèrent faire tirer les polices sur les enfants « délinquants » affamés plutôt que d’investir dans l’éducation ou la lutte contre le choléra qui n’apportent, bien sûr, aucun profit politique à court terme.
L’écologie « scientifique » revendiquée par les pétitionnaires scientistes de Heidelberg n’aurait de sens qu’après avoir, comme toute science devrait le faire, défini son projet en termes de bien-être à long terme de nos contemporains et de nos descendants. C’est-à-dire que l’on ne peut que s’opposer aux logiques des mondes de la finance, de l’industrie et du commerce. Une écologie scientifique commence par la définition d’un projet à moyen terme de l’espèce humaine : assurer sa survie pour quelques générations, dans les meilleures conditions possibles, en préservant pour l’avenir, autant que faire se peut, les ressources naturelles et culturelles qui font aujourd’hui la qualité de la vie de ceux qui en ont une.
Cette platitude, à laquelle on rallierait aisément tout homme de pouvoir, est en fait une revendication révolutionnaire majeure de l’écologie politique parce qu’elle implique le partage de ressources que des minorités sociales ou politiques se pensent légitimement fondées à accaparer à titre individuel au nom des « droits » de propriété, d’héritage ou de territoire.
De quel « droit » peut-on considérer qu’il est légitime qu’un enfant qui naît au Bangladesh ou en Éthiopie soit condamné à la famine, que celui qui naît à Bogota, dans les banlieues de Rio ou de Los Angeles, soit destiné à la violence et à la drogue ? Et que ceux de Neuilly, de Beverly Hills ou Ipanema aient à se partager entre la finance, l’industrie, la politique et les hautes hiérarchies militaire ou religieuse ?
Une grande partie des phosphates, du pétrole, des métaux utiles et de quelques autres produits indispensables à la survie et au confort des sociétés techniques s’épuisera très vraisemblablement au cours de la vie de nos descendants proches. De quel droit les privons-nous, à priori, de ressources quasi indispensables que nous gaspillons en circulant n’importe comment, en ravageant les villes et les campagnes par des conflits qui ne profitent qu’aux industriels de l’armement et à quelques politiques ?
Le credo de Heidelberg et des dirigeants technocrates dans la capacité du « progrès scientifique et industriel » à gérer humainement les ressources « par le prolongement de ce progrès constant vers des conditions de vie meilleures pour les générations futures » relève de la cécité absolue d’une bande d’autruches qui, la tête sous terre et le cul vautré dans leur propre confort, ne veulent rein voir de ce qui les entoure. Il leur va très bien de dénoncer les « idéologies irrationnelles » quand beaucoup de clignotants sont au rouge et quand chacun, écologiste ou non, se rend compte que tout ne tend pas vers le mieux.
Les États-Unis, l’Europe maastrichienne et le Japon campent sur leur confort en ruinant le reste du monde par des pratiques commerciales maffieuses ou des échanges injustes. Leur gaspillage effréné de ressources naturelles, accaparées au nom de la loi du plus fort, maintient en survie provisoire leur système socio-économique aberrant, et Bush a eu au moins la franchise d’admettre, avant Rio, qu’il ne voulait pas l’aménager, ni pour le mieux-être des autres ni pour le mieux des autres ni pour le respect des chances de ses arrière petits-enfants. Quand bien même l’aurait-il voulu, on sait qu’il ne l’aurait pas pu. La première puissance policière et militaire du monde n’est-elle pas totalement impuissante face aux hors-la-loi de la drogue qui s’y conduisent en terrain conquis ?
Je ne suis pas de ceux qui croient toute catastrophe inéluctable. L’effet de serre me semble trop incertain pour m’empêcher de dormir et je pense encore que le nucléaire pourrait être bien utilisé. Mais la violence et la misère croissantes, l’absence de choix décidés en faveur de l’éducation (sauf peut-être au Japon), le gaspillage insensé des ressources matérielles et surtout humaines, me rapprochent de ceux qui sentent, sans trop le justifier, que quelque chose devra changer très vite dans nos stupides habitudes de riches. Et si les inconscients de Heidelberg ne me croient pas, qu’ils aillent donc voir comment la police militaire de Rio braque, avec des armes chargées, les rares gamins des favellas qui tentent d’accéder aux plages ! Au milieu des touristes bronzeurs, des joggers et des belles métisses en maillot « fil dentaire ».
André Langaney
septembre 1992
Directeur du Laboratoire d’Anthropologie biologique du CNRS
Responsable du Musée de l’Homme de Paris
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Dénigrer et fragiliser pour supprimer les obstacles à la croissance
Dénigrer et fragiliser les écologistes et tous les lanceurs d’alerte pour les remplacer par des gens aussi malléables que « sérieux » siégeant et pontifiant dans des « centres« , des « comités« , des « congrès« … était une déjà vieille technique propagée par les stratèges de la globalisation capitaliste (par exemple : le Congrès pour la Liberté de la Culture et ses « collèges invisibles de l’écologisme« ).
« Désamorcer les mouvements politiques de gauche et susciter l’acceptation d’un socialisme modéré (…) infiltrer les syndicats européens (…) extirper les éléments douteux (…) favoriser l’ascension des leaders convenant à Washington » décrira Frances Stonor Saunders à la fin des années 1990, dans « Qui mène la danse ?« , à propos de la « campagne de propagande et de pénétration » lancée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale par les familles du grand capitalisme nord américain et leur bras armé : la CIA.
Du lobby de l’amiante (CPE) au « Centre International pour une Ecologie Scientifique » (ICSE, pour International Center for a Scientific Ecology), en passant par le lobby des cigarettiers, du cadmium, etc., la stratégie du remplacement et du détournement est largement appliquée par CES (Communications économiques et sociales), le cabinet en communication héritier du propagandiste Bernays. Le Congrès pour la Liberté de la Culture n’est pas loin non plus !
Propaganda _ La fabrique du consentement
Et les femmes fumèrent…
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/163/A/59478
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Autres analyses…
L’appel de Heidelberg, une initiative fumeuse
En 1992, au premier Sommet de la Terre, des centaines de scientifiques signaient une motion contre l’écologie « irrationnelle« . Retour sur une opération secrètement orchestrée par des industriels
Par son ampleur, par le nombre et le prestige des personnalités enrôlées à leur insu, par l’effet qu’elle a eu dans la structuration du débat public, c’est sans doute l’une des plus brillantes opérations de communication jamais menées. Qu’on en juge : des dizaines de Prix Nobel de toutes disciplines (Hans Bethe, Linus Pauling, Ilya Prigogine, Jean-Marie Lehn, Pierre-Gilles de Gennes, Elie Wiesel, etc.) aux côtés de centaines de scientifiques de premier plan, de médecins, d’intellectuels ou d’écrivains (Pierre Bourdieu, Hervé Le Bras, Marc Fumaroli, Eugène Ionesco, etc.) signant dans un même élan un appel solennel « aux chefs d’Etat et de gouvernement ».
Le 1er juin 1992, ce texte-massue est rendu public à la veille de l’ouverture du Sommet de la Terre à Rio (Brésil). C’est l’appel d’Heidelberg. Sitôt rendu public, il fait couler des tombereaux d’encre : il est présenté comme une grave mise en garde des « savants« , enjoignant les dirigeants réunis à Rio à la plus grande méfiance face aux défenseurs de l’environnement animés par une « idéologie irrationnelle qui s’oppose au développement scientifique et industriel ». (…)
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La foudre et le ciel
En fait, de nombreux citoyens estiment que l’alliance du capital, de l’industrie et de la science constitue une trahison à l’endroit de l’éthique de cette dernière, et qu’une telle conception marchande du progrès est en grande partie responsable de certains des plus graves maux planétaires dénoncés à Rio. (…)
Par Ignacio Ramonet, Le Monde Diplomatique
https://www.monde-diplomatique.fr/1992/07/RAMONET/44576
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L’appel de Heidelberg : entre arnaque, idéologie et lobby
Plus que le contenu explicite de l’appel, ce qui est intéressant ici, c’est l’implication des « communicants » des grands entreprises en butte aux contestations de l’écologie dans l’élaboration d’un tel appel, et en particulier ceux de l’industrie du tabac et celle de l’amiante
par Marc Tertre, le Club de Mediapart
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Climat : quand 72 prix Nobel traitaient les écologistes de charlatans
Un an plus tard, en mars 1993, le pot aux roses est révélé quand un mémo confidentiel de Gérard Wirz, l’un des responsables de la firme du tabac Philipp Morris, dévoile l’imposture : à l’initiative du texte, les industries de l’amiante d’abord, rejointes par celle du tabac. Deux secteurs qui furent à l’origine de la création d’une structure dirigée par Michel Salomon, journaliste et lobbyiste, principal animateur de l’appel de Heidelberg.
par Hélène Combis
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15 000 scientifiques, et une planète sourde
On devait découvrir plus tard que l’origine de cet appel était à chercher… du côté de l’industrie de l’amiante. Initié par des lobbyistes, le texte s’était ensuite envolé de ses propres ailes dans la communauté scientifique, avec le soutien discret… du lobby des cigarettiers. De nombreux chercheurs, raconte Le Monde, l’avaient signé de bonne foi, sans en connaître les initiateurs, ni en percevoir les sous-entendus
https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/15-000-scientifiques-et-une-planete-sourde
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Environnement : comment les lobbys industriels ont torpillé l’avertissement de 1992
15 000 scientifiques alertent sur l’état de la planète, un « 2e avertissement », selon eux. « Le Monde » raconte comment le premier a été étouffé en 1992.
C’est du jamais-vu et un démenti cinglant à ceux qui estiment que la question écologique est de l’ordre du débat ou de l’idéologie : pas moins de 15 000 scientifiques du monde entier lancent un appel pour sauver la planète. Mais dans la foulée de cette tribune publiée par Le Monde, une révélation inquiétante : en 1992 déjà, 1 700 chercheurs, parmi lesquels une centaine de Prix Nobel, avaient lancé l’alerte : « Les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision », pouvait-on lire.