Palestine : L’engrenage colonial, une fabrique de la haine (un peu d’histoire)

Palestine : L’engrenage colonial, une fabrique de la haine (jusqu’à l’assassinat de Rabin)

Gaza, 27 octobre 2023, après 18 jours d’enfer

« Sans un changement fondamental, la population de Gaza va subir une avalanche sans précédent de souffrance humaine« , a alerté vendredi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

« Beaucoup plus » de gens vont « bientôt mourir » en raison du siège imposé par Israël à Gaza depuis le 9 octobre, a affirmé de son côté vendredi à Jérusalem le patron de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.

https://information.tv5monde.com/international/israel-annonce-etendre-ses-operations-terrestres-gaza-2673142

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ON NE PEUT PAS COMPRENDRE

GRAND-CHOSE

AUX GUERRES CONTRE L’IRAK,

COMME AUX AUTRES DRAMES CONTEMPORAINS,

SI ON NE LES SITUE PAS

DANS LE CONTEXTE DES PROJETS DE DOMINATION

QUI BOUSCULENT TOUTE CHOSE

SUR LA PLANÈTE

DEPUIS PLUSIEURS GÉNÉRATIONS.

RAPPEL DE QUELQUES FAITS ÉCLAIRANTS

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1839

Anthony Ashley-Cooper (Lord Shaftesbury) utilise un poncif des spoliations coloniales (le « pays vide« *) pour plaider le « retour » des Juifs en Judée : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre« .

* Comme en Indonésie, comme en Amérique du Nord, comme en Amazonie, comme en Australie…

Le créateur du Sionisme, Théodore Hertzl, en fera un slogan propagandiste.

Un « retour » des Juifs en Judée ? Il y a eu tant de brassages… Peut-être est-ce un peu moins simpliste…

Les Juifs forment-ils un peuple? À cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non — à Dieu ne plaise! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars.

Comment fut inventé le peuple juif

https://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/SAND/16205#nh5

également :

KHAZARS. Sur les traces du royaume englouti

https://www.courrierinternational.com/article/2008/12/18/sur-les-traces-du-royaume-englouti

Berbères juifs. L’émergence du monothéisme en Afrique du Nord, par Julien Cohen-Lacassagne, La Fabrique, Paris, 2020

Une terre, un peuple ?

Les dirigeants des Ashkénazes venus s’installer en Palestine ont montré par tous leurs actes et activités que les Juifs arabo-orientaux et eux-mêmes ne faisaient pas partie d’un même peuple.

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Is the Bible a True Story ?

« Les Israélites ne sont jamais allés en Égypte, n’ont pas erré dans le désert, n’ont pas conquis militairement la terre de Canaan et ne l’ont pas transmise aux douze tribus d’Israël. (…) le royaume unifié de David et de Salomon décrit par la Bible comme une puissance régionale était au mieux un petit fief tribal.« , Ze’ev Herzog 1999, université de Tel-Aviv.

Despite feverish searching with Scripture in one hand and cutting-edge technology in the other, evidence backing the Bible remains elusive. But there are some surprising anomalies

Aucune trace de ce qui est décrit dans le Livre de la Genèse n’a jamais été trouvée. Aucun mur d’époque n’a été trouvé à Jéricho, qui aurait pu être détruit par Josué. Le palais de pierre découvert au pied du mont du Temple à Jérusalem pourrait attester que le roi David y était allé; ou il pourrait appartenir à une autre époque entièrement, selon qui vous demandez.

Le 29 octobre 1999, Haaretz a publié un article de Ze’ev Herzog, de l’Université de Tel-Aviv, dont le message était contenu dans le titre même : « La Bible : Aucune preuve sur le terrain ».

Aucune preuve que les enfants d’Israël aient séjourné en Égypte, aient traversé une mer Rouge miraculeusement séparée, aient erré dans le désert du Sinaï, et aucune preuve qu’ils aient conquis la terre d’Israël et l’aient divisée entre 12 tribus. Le célèbre archéologue a également partagé ses doutes sur le « Royaume-Uni » de David et Salomon, décrit dans la Bible comme une puissance régionale : il était tout au plus un domaine tribal mineur.

https://www.haaretz.com/israel-news/2017-11-01/ty-article-magazine/is-the-bible-a-true-story-latest-archaeological-finds-yield-surprises/0000017f-eb2f-ddba-a37f-eb6fc2260000

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1908

Premier forage pétrolier fructueux dans la région du Golfe arabo-persique. En l’occurrence, cette première a lieu en Iran. Débute une lutte cupide où foisonnent les coups les plus tordus.

Au cours de la première moitié du siècle, les pétroliers américains et anglais (Néerlandais et Français figurent honorablement) s’emparent du pétrole du Moyen-Orient en ne versant aux pays producteurs que des redevances tout à fait symboliques.

1915

Pour convaincre les Arabes d’entrer en guerre contre les Ottomans, le gouvernement britannique prodigue, tant au Shérif Hussein* qu’à son rival Ibn Saoud, des promesses d’indépendance arabe pour l’après-guerre**, quand l’Empire Ottoman sera vaincu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_arabe_de_1916-1918

* arrière grand-père du roi Hussein Ibn Talai de Jordanie, Chérif de La Mecque et gardien des villes saintes de l’Islam

** accord Hussein – Henry Mac-Mahon (1915 et 1916) et « assurance Hogarth« , ou « Hogarth message » (janvier 1918 : https://en.wikipedia.org/wiki/Hogarth_Message).

On retrouvera le même style de manoeuvres mensongères quand les USA manipuleront les Kurdes irakiens, puis les abandonneront aux bons soins de Saddam Hussein. Également dans les prémices de la Guerre du Golfe.

https://www.geo.fr/histoire/les-accords-sykes-picot-et-le-partage-du-moyen-orient-une-cicatrice-dans-le-sable-201215

1916

En contradiction avec les assurances données au Shérif Hussein, des négociations secrètes entre Anglais et Français planifient le partage des provinces ottomanes du Moyen-Orient en cinq zones (Accords Sykes-Picot). Un statut international est prévu pour la Palestine.

2 novembre 1917

En totale contradiction avec tout ce qui précède, par une lettre de son secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, « le gouvernement de Sa Majesté » déclare envisager « favorablement l’établissement, en Palestine, d’un Foyer National pour le peuple juif » et promet d’employer « tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif » (Déclaration Balfour). C’est le résultat de tractations entre le chimiste Chaïm Weïzmann – qui implantera, en 1918, le premier comité d’action sioniste à Jérusalem – et le premier ministre britannique. L’intérêt des Britanniques est, à la fois d’obtenir l’aide financière des banquiers juifs et la mobilisation de la communauté juive américaine pour décider les États-Unis à entrer en guerre*.

« Le gouvernement de Sa Majesté » piétine ainsi tous ses engagements et l’intérêt des peuples de la région. C’est l’acte fondateur de tous les drames suivants.

* d’où la grande campagne propagandiste orchestrée par la « Commission Creel » nommée par le Président Thomas Woodrow Wilson : https://fr.wikipedia.org/wiki/Committee_on_Public_Information

janvier 1919

Premier Congrès des associations palestiniennes musulmanes et chrétiennes. La voix de son Comité Exécutif ne sera pas écoutée.

été 1919

Une commission internationale (King-Crane, surtout américaine) enquête sur l’état d’esprit des peuples du Croissant Fertile – donc Palestine comprise. Les commissaires relèvent « le sentiment de l’injustice du programme sioniste dans l’esprit des populations de Palestine et de Syrie » : « la population non juive – près des neuf dixièmes de l’ensemble – est absolument opposée au programme sioniste dans son entier« . Et d’ajouter : « Imposer à une population ainsi disposée une immigration juive illimitée, et la soumettre à une pression financière et sociale pour l’amener à céder le sol, serait une grave violation du principe de la libre volonté du peuple immédiatement concerné évoqué (…) » rappelé par le Président Wilson. Henri King et Charles Crane préconisent donc une limitation de l’immigration juive en Palestine et préconisent un abandon de la perspective d’un État juif.

Dominique Perrin, Palestine : une terre, deux peuples

https://books.openedition.org/septentrion/48746?lang=fr

1920

Ignorant l’étude de la Commission King-Crane et la volonté des peuples de la région, la Société des Nations nomme « Sa Majesté Britannique » « Mandataire pour la Palestine« , avec pour charge d’assumer « la responsabilité d’instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du Foyer national pour le peuple juif« .

Dès lors, les Britanniques favoriseront l’implantation sioniste et réprimeront durement toutes les manifestations de résistance des Arabes et des autres peuples palestiniens à la double occupation qui leur est imposée.

Le mécontentement des populations locales ignorées se traduit en manifestations de plus en plus violentes.

juillet 1922

Sous la pression des protestations, Winston Churchill, ministre des colonies (!), publie un Livre Blanc pour tenter de rassurer les opposants.

années 20

Essor d’un courant radical du Sionisme sous l’impulsion de Vladimir Ze’ev Jabotinsky : le Sionisme révisionniste. Mais, un courant plus extrémiste, avec sympathies fascistes, allait s’affirmer dans des actions terroristes*. Il inspirera les extrêmes-droites qui succéderont aux Travaillistes à partir de la fin des années 1970.

* Après son père qui en était très proche, Nétanyahou s’inscrit exactement dans la ligne de ce courant extrême.

1929

Émeutes de Palestine : 133 morts juifs et 116 chez les Palestiniens

années 30

L’accroissement de l’immigration juive et le total non-respect des engagements pris par les Britanniques à l’égard des Palestiniens stimulent la colère.

Les pétroliers américains s’implantent en Arabie Saoudite.

avril 1936

Émeutes, grève générale, désobéissance civile, naissance d’une guérilla… Les États arabes voisins s’interposent.

Les Britanniques se décident à limiter l’immigration, et une nouvelle commission d’enquête (Commission Peel) ausculte le pays. Publication des résultats le 7 juillet 1937 : « L’établissement d’un gouvernement unique et autonome en Palestine demeurera aussi impraticable demain qu’il l’est aujourd’hui… […] Le partage semble au moins offrir une chance de paix. Aucun autre plan ne nous paraît le faire » (Dominique Perrin, Palestine : une terre, deux peuples, ibid).

Plus tard, ayant oublié la Commission Peel, on parlera de « solution à deux états« …

Mais la Commission Peel projette la division territoriale de la Palestine, provoquant un nouvel essor de la résistance en 1937 et 1938. Les Britanniques enveniment la situation en réprimant brutalement, avec bombardement des villages, destruction des maisons, condamnations à mort… Toutes les organisations culturelles et politiques en sont déstructurées pour longtemps.

Devant les réactions internationales, les Britanniques infléchissent encore leur politique :

  • il n’y aura pas d’État juif mais un État palestinien (Le gouvernement de Sa Majesté déclare aujourd’hui sans équivoque qu’il n’est nullement dans ses intentions de transformer la Palestine en un État juif),
  • l’immigration et la vente des terres sont strictement limitées, etc. (Livre Blanc de 1939).

Cette fois, frustrés, ce sont les Sionistes qui vont s’attaquer aux Britanniques.

14 novembre 1937

« Dimanche noir » : l’Irgoun assassine au hasard 8 Palestiniens dans les rues de Jérusalem.

https://www.lemonde.fr/archives/article/1946/06/22/le-vrai-visage-du-terrorisme-juif-trois-groupements-menent-la-guerre-contre-la-politique-imperialiste-britannique_3061040_1819218.html

années 30, guerre 1940 – 1945

Les persécutions nazies et la Shoah servent de justifications au projet sioniste, tandis que les droits des Palestiniens sont effacés.

Durant la guerre, les Palestiniens et leurs voisins Arabes ne cèdent pas aux incitations au soulèvement contre les Alliés.

mai 1942

« Programme de Biltmore » établi par les réseaux sionistes américains à l’hôtel Biltmore de New-York.

La Conférence demande l’accomplissement de l’objectif originel de la Déclaration Balfour et du Mandat qui, « en reconnaissant le lien historique du peuple juif avec la Palestine », devait lui accorder les moyens, ainsi que l’a déclaré le président Wilson, de fonder là-bas un État juif.
La Conférence affirme son rejet irrévocable du Livre Blanc de mai 1939 et lui dénie toute validité morale ou légale.
(point 6)

La Conférence demande avec insistance que les portes de la Palestine soient ouvertes ; que l’Agence juive soit chargée du contrôle de l’immigration en Palestine et dispose de l’autorité nécessaire pour construire le pays, notamment pour développer les terres inhabitées et qui ne sont pas cultivées ; et que la Palestine soit organisée en un Etat juif intégré dans le nouveau monde démocratique. (point 8)

fin des années 1930, années 1940

Les milices sionistes commettent de nombreux attentats contre les Britanniques et les populations locales, contre des Juifs aussi (attaques de marchés à la grenade, attaques de trains, véhicules piégés, attaques de villages… Des milliers de morts et de blessés).

6 novembre 1944

Des miliciens sionistes (Lehi) assassinent Walter Edouard Guinness – le baron Moyne, qu’ils soupçonnent de s’opposer à leur projet (Marius Schattner : Histoire de la droite israélienne, de Jabotinsky à Shamir, Complexe, 1991).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Guinness

22 juillet 1946

Sous la direction de Menahem Begin*, l’Irgoun fait sauter l’Hôtel King David de Jérusalem où siégeait le secrétariat du gouvernement britannique de Palestine (91 morts, 45 blessés).

* le même Menahem Begin qui deviendra Premier ministre en 1977. C’est son gouvernement qui lancera l’invasion et l’occupation du Liban à partir de 82 ; également une nouvelle vague de spoliations des populations de Cisjordanie, avec la création de 48 colonies et de routes fragmentant toute la région.

Entre autre doc. https://fr.wikipedia.org/wiki/Menahem_Begin

24 nov. 1947

Les pressions exercées par l’administration du président américain Harry Truman contribuent largement à la décision, par l’Assemblée Générale des Nations-Unies, de créer un état juif au détriment des populations palestiniennes – mais aussi un état arabe, avec Jérusalem en zone internationale. Ce partage entérine donc la conquête sioniste.

Aussitôt, alors même que la Palestine est toujours sous mandat britannique, les organisations paramilitaires sionistes accroissent les actions terroristes et lancent des raids contre les populations palestiniennes. Beaucoup de gens sont massacrés chez eux ou sur les routes de l’exode. Les rescapés se réfugient dans les pays voisins par centaines de milliers (750 000 dès avant 1950). Près de 400 villages sont rasés. C’est la « Nakba« . Une catastrophe pour la région et pour l’avenir.

https://news.un.org/fr/story/2023/05/1135162

Entre 1947 et 1949, environ 800 000 Palestiniens sont chassés de leurs terres

https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-nakba-la-grande-catastrophe-du-peuple-palestinien-6697448

Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard, 2008

Noam Chomsky et Ilan Pappé, « Palestine – L’état de siège« , Galaade éditions 2013.

9 avril 1948

Le massacre de 154 personnes dans le village de Deir Yassin, par les commandos de Stern et de l’Irgoun *, restera le symbole de la terreur sioniste destinée à déposséder les Palestiniens.

14 mai 1948

Fin du mandat britannique et proclamation d’un état juif. Début de la première guerre israélo-arabe. Pour appuyer les Sionistes, France, États-Unis, Royaume-Uni enfreignent l’embargo sur les armes décrété par l’ONU. Grâce à ce soutien, les désormais Israéliens vont pouvoir accroître leur contrôle sur la Palestine, par rapport à la partition décidée par l’ONU.

Entre temps, le 17 septembre 1948, les Sionistes de Stern assassinent le Comte Folke Bernadotte *, médiateur des Nations-Unies, et le colonel français André Sérot, chef des observateurs des Nations-Unies à Jérusalem. Ils défendaient le plan de paix susceptible d’être accepté par les pays arabes.

* un « juste » qui avait sauvé des milliers de Juifs !

Itzak Shamir, qui deviendra Premier ministre en 1984, est l’un des principaux dirigeants de ce groupe terroriste. L’assassin sera protégé par David Ben Gourion.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Folke_Bernadotte

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_S%C3%A9rot

Le 24 novembre 1947, dans le cadre de la création de deux états*, l’Assemblée Générale des Nations Unies avait accordé plus de la moitié de la Palestine aux Sionistes qui, jusqu’alors, occupaient moins de 10% des terres.

* avec Jérusalem en zone internationale

Aussitôt les Britanniques partis, les paramilitaires juifs, ceux qui se sont illustrés dans les actions terroristes, attaquent sur tous les fronts pour chasser la population. À partir de mai 1948, les pays voisins interviennent pour soutenir les Palestiniens. Mais l’embargo international sur les armes qui handicape les armées arabes est contourné par les dirigeants sionistes qui profitent de nombreux appuis.

Pour comble, le gouvernement français de Robert Schuman* viole l’embargo et livre 10 chars de combat aux Sionistes en juin 1948.

* « de gauche » (!), socialistes SFIO, démocrates-chrétiens MRP, radicaux : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Robert_Schuman_(1)

En juillet 1949, les Sionistes occupent les trois-quarts du pays.

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1950

Mauvais traitements et discrimination infligés aux Juifs orientaux.

Affaire des enfants yéménites : Yéménites disparus : une affaire d’Etat longtemps étouffée en Israël

https://www.liberation.fr/planete/2017/08/10/yemenites-disparus-une-affaire-d-etat-longtemps-etouffee-en-israel_1589337/

1951

Le gouvernement iranien du docteur Mossadegh nationalise la production pétrolière. En représailles, les compagnies occidentales décrètent l’embargo sur toute la production de ce pays.

juillet 1952

Égypte : le mouvement des Officiers Libres, dirigé par Gamal Abdel Nasser, prend le pouvoir. La monarchie sera supprimée l’année suivante.

19 août 1953

La CIA fait renverser le gouvernement Mossadegh et réinstalle le Shah.

Cette opération permet aux pétroliers américains de rafler 40% du pétrole iranien qui, jusqu’alors, était entièrement contrôlé par les Britanniques.

Alors, le peuple iranien était nourri par son agriculture. 15 ans plus tard, à la veille de la révolution iranienne de 1978, le Shah, avec à ses côtés l’ingénieur-conseil américain, aura réussi le prodige de rendre l’Iran « dépendant de l’étranger pour 99% de ses besoins alimentaires » (« Le krach alimentaire » de Philippe Desbrosses, p. 20). La folle déstructuration dont l’Iran a été victime, sous la domination américaine, est le secret de la révolution iranienne qui est née et s’est développée sans aucune intervention extérieure.

14 octobre 1953

Massacre et destruction du village de Kibya perpétré par une force spéciale dirigée par Ariel Sharon et autorisé par David Ben Gourion, alors Premier Ministre.

Avril 1955

Création du Mouvement des pays non-alignés pour s’opposer à la volonté de domination du bloc occidental comme du bloc soviétique. L’impulsion est donnée par Sukarno l’Indonésien qui sera renversé en octobre 1965 avec tout l’appui de la CIA (« Ethnocides et écocides en Indonésie« , Écologie n° 395).

Avec Nasser, l’Égypte s’engagera immédiatement dans le Mouvement des non-alignés.

26 juillet 1956

Nasser nationalise le Canal de Suez

octobre 1956

Protocoles de Sèvres : accords secrets entre le Royaume-Uni, la France et Israël pour attaquer l’Égypte

(…) il a été décidé qu’Israël déclencherait un conflit contre l’Egypte, et que le Royaume-Uni et la France enverraient des forces, a priori pour briser la guerre, mais dans les faits pour occuper la région et assurer des livraisons par le passage nautique.

L’accord alors secret a été connu sous le nom de Protocole de Sèvres. Il a été lancé le 29 octobre 1956, quand les forces israéliennes ont envahi la péninsule du Sinaï. L’opération a duré neuf jours. (…)

Même si cela ne faisait pas partie officiellement du Protocole de Sèvres, pendant la conférence de trois jours qui a planifié la guerre infortunée, les Français ont accepté d’aider Israël à développer un réacteur nucléaire, selon un article publié en 1997 dans Foreign Affairs par Avi Shlaim, un historien israélo-britannique.

« C’est là-bas que j’ai finalisé avec ces deux dirigeants [Guy Mollet, alors Premier ministre français, et Maurice Bourgès-Maunoury, alors ministre de la Défense de la France] un accord pour la construction d’un réacteur nucléaire à Dimona, dans le sud d’Israël », a écrit Peres dans son livre de 1995, Combat pour la Paix. (…)

https://fr.timesofisrael.com/peres-lhomme-de-paix-qui-a-fait-disrael-une-puissance-militaire/

27 octobre 1956

L’armée israélienne et des corps expéditionnaires britanniques et français attaquent l’Égypte. Les uns et les autres devront se retirer sous la pression des USA, de l’URSS et de l’ONU.

29 octobre 1956

Massacre de Kafr Kassem

L’armée israélienne (Tsahal) décrète un couvre-feu s’appliquant dès 17H dans 8 communes à l’est de Tel-Aviv, intentionnellement sans avertir les habitants partis travailler aux champs. Les officiers des gardes-frontières (Magav) de plusieurs secteurs refusent d’appliquer cet ordre à la lettre. Mais, à Kafr Kassem, l’unité choisit de l’appliquer sans tenir aucun compte de la situation. Au retour des champs, les paysans sont exécutés à bout portant. 49 personnes sont assassinées, dont 6 femmes et 23 enfants.

En Israël, le retour des fantômes du massacre de Kfar Qassem

Des transcriptions, récemment déclassifiées, du procès des soldats ayant abattu en 1956 cinquante Palestiniens d’Israël font voler en éclat la thèse jusque-là retenue d’une bavure isolée.

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/08/04/en-israel-le-retour-des-fantomes-du-massacre-de-kfar-qasim_6137166_3210.html

Juillet 1958

La révolution irakienne renverse la monarchie installée par les Britanniques au lendemain de la première guerre mondiale. Le général Abdel Karim Kassem s’installe au pouvoir. L’Irak commence à sortir de l’influence occidentale symbolisée par le « Pacte de Bagdad« . Trois ans plus tard, en 1961, il récupérera 95% des concessions pétrolières données à l’Irak Petroleum Company.

1961

Le Koweit, qui était protectorat britannique depuis 1899, accède à l’indépendance.

Février 1963

Abdel Karim Kassem est renversé par un complot largement subventionné par le Koweït.

05 juin 1967

Guerre des six jours : Israël attaque l’Égypte, la Syrie et la Jordanie pour s’emparer de la bande de Gaza et du Sinaï, du Golan et de la Cisjordanie.

Avant même la fin des combats, les nationalistes et les religieux sont tant exaltés qu’ils veulent croire en une faveur divine. S’imaginant tout puissants, ils s’investissent dans la colonisation en clamant qu’ils rentrent chez eux. Dès le 10 juin, ils chassent les habitants du Quartier des Maghrébins à Jérusalem. Dans la nuit, toutes les maisons sont rasées pour faire un esplanade devant le Mur des Lamentations.

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20170609-jerusalem-1967-destruction-quartier-maghrebins

27 novembre1967

Charles de Gaulle et la situation au Proche Orient

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i19073228/charles-de-gaulle-et-la-situation-au-proche-orient

Juillet 1968

Le Parti Baas irakien (de tendance socialiste) s’empare du pouvoir. Le général Al Bakr est le numéro un du régime mais Saddam Hussein s’affirmera dès le début des années 70.

1970

La production mondiale de pétrole était de 500 millions de tonnes par an à la veille de 1950. Elle s’élève désormais à 2.200 millions de tonnes. L’essentiel de cette énergie étant affecté à des projets totalement inadaptés à l’économie de l’ensemble vivant, songeons un instant au déferlement des destructions et des pollutions que cela représente…

septembre 1970 – juillet 1971

Affrontements meurtriers entre le Royaume jordanien et l’OLP de Yasser Arafat.

Mémoire d’un septembre noir

https://www.monde-diplomatique.fr/2020/09/GRESH/62186

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/rendez-vous-avec-x/rendez-vous-avec-x-du-lundi-09-aout-2021-5947989

1971

Les Britanniques évacuent leurs deux dernières bases au Moyen-Orient.

juin 1972

Bagdad nationalise l’Irak Petroleum Company à laquelle participent Américains, Britanniques, Néerlandais et Français. Cependant, un traitement de faveur est accordé aux Français sous forme de facilités pour leur approvisionnement pétrolier. Très mécontents, les Occidentaux organisent un blocus de l’Irak qui vient de resserrer ses liens avec Moscou.

Pour faire pièce au rapprochement de l’Irak et de l’URSS, les USA accroissent fortement leur « aide » militaire à l’Iran. En huit ans, l’armée iranienne triplera ses effectifs. Le Shah devient le gendarme régional de la politique américaine.

D’ailleurs, l’armée iranienne vient, en décembre 1973, prêter main forte au sultan d’Oman pour mater une guérilla communiste tenace. L’armée jordanienne prêtera également son concours. Les combats dureront deux années.

Dès 1972, les USA, Israël et l’Iran encouragent la guérilla kurde irakienne à reprendre les armes contre Bagdad, alors même que celle-ci vient d’obtenir la reconnaissance de la culture kurde et l’octroi d’une certaine autonomie administrative (ni l’Iran (!), ni la Syrie, ni la Turquie n’ont jamais accordé la moindre chose à leurs populations kurdes). En outre, des batailles opposeront l’armée iranienne à l’armée irakienne dès le début de 1974.

Objectif de Nixon/Kissinger, de Tel Aviv et du Shah: déstabiliser Bagdad afin que l’Irak ne menace pas la domination américo-iranienne sur le Golfe « persique« . Autre objectif et non des moindres: handicaper suffisamment l’armée irakienne pour qu’elle ne soit pas une menace pour Israël. Et, en effet, lors de la guerre qui opposera Israël à ses voisins à partir d’octobre 1973, l’armée irakienne mobilisée contre les Iraniens et les Kurdes ne pourra figurer que symboliquement.

6 octobre 1973

L’Égypte et la Syrie attaquent Israël (Guerre du Ramadan, ou Guerre du Kippour (alors que les deux fêtes coïncident). Les Égyptiens enfoncent les fortifications dressées par Israël dans le Sinaï (Ligne Bar-Lev), tandis que les Syriens avancent dans le Golan. L’armée israélienne est surprise et dépassée, avant qu’une erreur tactique d’Anouar el-Sadate permette aux Israéliens de se reprendre. La guerre dure 18 jours.

octobre 1973

Les producteurs arabes de pétrole décident d’augmenter le prix de celui-ci – qui n’était qu’à 3 dollars le baril ! (159 litres) – et de cesser leurs livraisons aux pays qui soutiennent Israël dans la guerre.

Plutôt que de temporiser, de chercher une solution politique à la crise et de s’orienter vers une meilleure gestion des ressources énergétiques, sous la direction américaine, les pays industriels entrent en conflit ouvert avec les pays producteurs.

1974

L’administration de Gerald Ford envoie une flotte de guerre croiser dans le Golfe arabo-persique pour intimider les états arabes.

mars 1975

A l’occasion d’une réunion de l’OPEP à Alger, Saddam Hussein renonce à ses prétentions sur le Chatt al Arab en échange de l’abandon du soutien du Shah d’Iran (et des USA) au soulèvement kurde.

Soudain coupée de toute aide extérieure, la résistance kurde est écrasée dans l’indifférence générale. Une fois de plus, les Kurdes avaient été utilisés puis sacrifiés sitôt qu’ils n’avaient plus été d’aucune utilité aux yeux des intérêts occidentaux. En cédant aux sirènes américaines, les Kurdes irakiens avaient fait leur propre malheur pour la plus grande satisfaction de l’Iran, de la Turquie, de la Syrie qui n’auraient pas vu d’un bon oeil se réaliser la semi-autonomie proposée par Bagdad en 1970.

1976

LES GOUVERNEMENTS ISRAÉLIENS FAVORISENT LES PREMIERS ISLAMISTES. (…) en 1976, les dirigeants israéliens ne parvenaient pas à appréhender la réalité. Shimon Peres était à l’époque ministre de la défense du premier gouvernement Rabin (Yitzhak, donc un gouvernement de gauche). Espérant une victoire des candidats pro-jordaniens, il avait permis la tenue, le 12 avril, d’élections municipales en Cisjordanie. Las, le calcul s’était avéré faux. Les électeurs avaient massivement voté en faveur de l’OLP et de la gauche palestinienne laïque.

Quelques jours plus tard, pour favoriser l’émergence d’une nouvelle force politique à Gaza, l’administration militaire israélienne avait approuvé la création d’une « Association islamique« , dont le but déclaré était la diffusion de la religion musulmane par des activités culturelles et sportives. Le chef spirituel de ce mouvement lié aux Frères musulmans était un cheikh infirme d’une quarantaine d’années : Ahmed Yassine. Il était le favori des gouverneurs militaires qui, régulièrement, venaient lui rendre visite. Les généraux expliquaient : « Il est préférable que les Palestiniens prient et ne s’occupent pas de politique ! » . L’arrivée au pouvoir du Likoud (extrême-droite) ne changera pas cette attitude bienveillante d’Israël envers la confrérie.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2006/02/03/quand-israel-favorisait-le-hamas-par-charles-enderlin_737642_3232.html

juin 1977

Menahem Begin, l’ex-activiste de l’Irgoun, devient Premier Ministre. Son gouvernement développe une vague de spoliations des populations de Cisjordanie, avec la création de 48 colonies et de routes fragmentant toute la région.

Entre autres doc. https://fr.wikipedia.org/wiki/Menahem_Begin

13 juin 1977

Le Herald Tribune publie une déclaration de Jimmy Carter :

« Ma propre tendance consiste à défier l’URSS et les autres, courageusement mais pacifiquement, puis à étendre notre influence dans un certain nombre de régions du monde auxquelles nous accordons une grande importance, soit à l’heure actuelle, soit dans les 25 ans à venir. Ces régions comprennent des pays comme le Vietnam et des endroits comme l’Irak, la Somalie et l’Algérie, et des régions comme la Chine et le Cuba. Et je n’ai aucune hésitation quand il s’agit de cette question« .

août 1977

Sous l’administration Carter, une force militaire de déploiement rapide commence à être constituée pour la protection des « intérêts vitaux des USA » sur toute la planète.

17 septembre 1978

Anouar el Sadat et Mehamem Begin signent la paix à Camp David.

14 mars 1978

L’armée israélienne envahit le Sud-Liban

17 septembre 1978

Anouar el-Sadate et Mehamem Begin signent la paix de Camp David (correspondant à une proposition faite par Anouar el-Sadate en 1971, mais refusée par les USA et Israël). Cependant, la colonisation de la Cisjordanie continue pour entraver la constitution de l’État Palestinien.

février 1979

Triomphe de la révolution iranienne (islamiste).

Chassés d’Iran, les USA n’ont plus d’implantation militaire au Moyen-Orient.

juillet 1979

Saddam Hussein devient Président de la République. Son régime commence à se rapprocher de l’Arabie Saoudite et… des USA.

04 nov. 1979

L’ambassade américaine à Téhéran est occupée. Les personnels sont pris en otages. Ils seront libérés 14 mois plus tard, le 20 janvier 1981, le jour même où Ronald Reagan devient président. Celui-ci avait fait mené avec Téhéran des négociations secrètes dirigées par William Casey qui deviendra directeur de la CIA et principal organisateur du trafic d’armes vers l’Iran, via Tel Aviv, connu sous le nom d' »Irangate« . Faut-il préciser que de très fortes présomptions de collusion avec les Iraniens pèsent sur Ronald Reagan et son entourage : la libération des otages aurait été retardée pour favoriser la victoire de Reagan dont la cote baissait dans les sondages.

décembre 1979

L’armée rouge rentre en Afghanistan.

Plus encore que la révolution iranienne, la peur causée par cette avancée soviétique vers le sud -non loin des gisements pétroliers considérés par les USA comme leur propriété- aura de profondes répercussions sur la suite des événements. Cela d’autant qu’avec les années 80 les états du Golfe paraîtront se rapprocher de l’URSS.

janvier 1980

Les USA réorientent leur stratégie vers le Moyen-Orient et le Pakistan (le voisin de l’Afghanistan).

La force d’intervention rapide créée en 1978 est développée et de nouvelles armes sont construites.

Avec le tournant marqué par la présidence de Ronald Reagan, tous les programmes militaires seront poussés jusqu’au délire total, comme l’illustre le programme de « la Guerre des étoiles« . La force d’intervention rapide ne cessera d’être augmentée. Une telle puissance militaire était faite pour servir. C’est elle qui massacrera l’Irak.

Pendant ce temps, les spéculateurs les plus fous mettent, partout, en application les théories les plus excessives, les plus déconnectées des réalités, du libéralisme économique. En particulier aux États-Unis, les politiques mises en oeuvre à tous les niveaux déstructurent tout, des entreprises aux institutions en passant par les individus, les communautés sociales et les écosystèmes.

Parallèlement, par l’entremise de la Banque Mondiale, de toutes les banques de « développement« , de la FAO, du FMI, du GATT et de toutes les institutions internationales qu’ils contrôlent, les USA imposent au monde la même déstructuration économique et sociale, afin de réduire à néant les protections qui, dans chaque pays, font encore obstacle à leur folle prédation. Résultat: les années 80 battront tout les records en matière de destructions de tous ordres et d’accroissement de la faim et de la misère.

Le bilan désastreux du libéralisme économique marquera les changements à venir (« À effondrement, effondrement et demi« , Écologie n° 398 et « Guerre à la planète« , Écologie n° 399).

17 sept. 1980

Saddam Hussein dénonce l’accord signé avec le Shah en 1975 en Alger. L’armée irakienne rentre en Iran.

Dans ce conflit, l’Irak fera figure de mercenaire de presque tous les états qui lui feront la guerre en 1991. L’objectif principal était, bien sûr, d’empêcher la révolution iranienne de menacer l’approvisionnement pétrolier de tous les gaspilleurs d’énergie fossile de la planète. Même le Koweït et l’Arabie Saoudite poussaient l’Irak à la guerre.

Seuls, la Syrie et Israël soutiendront l’Iran. Très tôt, Israël approvisionnera abondamment Téhéran en armes et servira d’intermédiaire aux trafics de l’Irangate.

La France officielle et affairiste, qui, depuis le début des années 1970, avait noué des relations étroites avec l’Irak, soutiendra l’effort de guerre de Saddam Hussein tout au long du conflit, tout en refusant de rembourser à l’Iran un prêt de 1 milliard de dollars qui avait été accordé par le Shah pour financer le CEA. « La France était en guerre et les Français ne le savaient pas » (Claude Julien, Le Monde Diplomatique).

La dictature irakienne augmentera ses achats d’armes (déjà considérables auparavant) jusqu’à prélever la moitié de son produit national brut. Dans le même temps, l’URSS consacrait jusqu’à 15% de son PNB pour se maintenir dans la compétition avec les USA qui mobilisaient plus de 6% du PNB pour les dépenses militaires. La mégalomanie de Saddam Hussein et les encouragements hypocrites des états occidentaux feront acheter une quarantaine de milliards de dollars d’armes par l’Irak.

juin 1981

Raid israélien sur la centrale nucléaire irakienne Osirak construite par l’industrie française sous l’administration de Valéry Giscard d’Estaing et de Jacques Chirac (signature du contrat novembre 1975).

6 octobre 1981

Assassinat de Anouar el-Sadate par des Islamistes

En 1981, après l’assassinat d’Anouar el-Sadate, les autorités égyptiennes ont expulsé des dizaines d’étudiants islamistes palestiniens qu’Ariel Sharon, ministre de la défense, a autorisés à revenir s’installer à Gaza. Ils fonderont le Hamas et le Djihad islamique. L’année suivante, Israël donne le feu vert — et, affirment certains, une contribution matérielle — à la construction de l’immeuble de l’Association islamique dont les membres vont régulièrement saccager les bureaux du Croissant Rouge palestinien, dirigé par Haïdar Abd Al-Shafi, proche du Parti communiste et de l’OLP. La bienveillance israélienne ira jusqu’à juguler l’opposition aux Islamistes. Les étudiants qui osent leur porter la contradiction au cours de débats publics se retrouveront derrière les barreaux. Ces étudiants sont dirigés, à Gaza, par Mohammed Dahlan, futur patron de la sécurité préventive de l’Autorité autonome. A l’époque, il était le chef, à Gaza, de la Chabiba, le mouvement de jeunesse du Fatah, et sera arrêté à onze reprises. Son homologue en Cisjordanie est Marouan Barghouti, étudiant à l’université de Bir Zeit. Lui aussi effectue des séjours réguliers dans les prisons israéliennes.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2006/02/03/quand-israel-favorisait-le-hamas-par-charles-enderlin_737642_3232.html

6 juin 1982

Le gouvernement israélien mené par Mehamem Begin* et Ariel Sharon (ministre des armées) déclenche l’invasion du Liban (« Opération Paix en Galilée« ) pour tenter de résoudre le « problème palestinien » (sic). La guerre s’étendra jusqu’à Beyrouth (bombardée pendant 2 mois).

* désormais Prix Nobel de la Paix

été 1982

Siège de Beyrouth par l’armée israélienne

18 septembre 1982

le monde découvre le massacre de Sabra et Chatila

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/sabra-chatila-massacre-beyrouth-liban-israel

https://www.lorientlejour.com/article/1303414/de-nouvelles-revelations-sur-sabra-et-chatila-dans-un-rapport-israelien.html

1983

Intervention américaine, britannique et française à Beyrouth.

23 octobre 1983, Beyrouth 6H19

Un camion piégé détruit le QG des militaires américains : 241 morts, une centaine de blessés

23 octobre 1983, Beyrouth 6H23

Le QG des militaires français explose. Le Drakkar, immeuble de huit étages, est totalement détruit par « une énorme boule de feu » qui vient des sous-sols. Une soixantaine de personnes meurent, dont 58 soldats.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/10/23/qui-a-tue-les-paras-francais-de-beyrouth-en-1983_3501317_3224.html

Les forces d’interposition occidentales se retireront après avoir subi de lourdes pertes infligées par les bombes irano-syriennes.

1er octobre 1985

Pour venger l’assassinat de 3 de ses ressortissants à Chypre, le gouvernement israélien de Shimon Peres fait bombarder le QG de l’OLP en Tunisie – sans savoir si l’OLP était pour quelque chose dans l’attaque. 50 Palestiniens et 18 Tunisiens sont tués, des dizaines de blessés.

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/tunisie/1985-le-bombardement-du-siege-de-lolp-a-tunis_3062983.html

automne 1986, hiver 86-87

Révélation du trafic d’armes US vers l’Iran et de l’utilisation des profits pour approvisionner, en particulier, la guérilla contre-révolutionnaire du Nicaragua. Ronald Reagan et son entourage – dont George Bush – sont compromis.

1986

L’armée iranienne progresse et menace le Koweït.

juillet 1987

Une importante flotte de guerre américaine entre dans le Golfe pour protéger le trafic des pétroliers koweïtiens et irakiens.

Le pouvoir mixte Mitterrand/Chirac rompt le peu de relations diplomatiques qui subsistait avec Téhéran et dépêche des navires de guerre dans la région.

1987

Création du Hamas par des Frères Musulmans poursuivis par le régime de Hosni Moubarak et acceptés par le gouvernement israélien. À la différence du Fatah, il s’agit d’un mouvement religieux et profondément « antisémite » – plus exactement : anti-juif.

décembre 1987

En Palestine occupée débute la « révolte des pierres«  ou « intifada« .

mars 1988

Nouvelle offensive iranienne au Kurdistan irakien. Les combattants kurdes, qui, une nouvelle fois, ont cru bon jouer la carte de l’Iran contre Bagdad, appuient l’armée iranienne. Une contre-offensive irakienne fera plusieurs milliers de victimes dans la population civile.

03 juillet 1988

Un croiseur américain abat un airbus iranien avec 290 civils à son bord.

20 août 1988

Cessez-le-feu entre l’Irak et l’Iran.

La guerre aurait fait plus de 500.000 morts. Mais, combien d’handicapés ? Combien de villages, de quartiers, de cités détruits ?

Combien de vies, de familles, de sociétés, d’écosystèmes… au total, combien de relations brisées ? Quelles pertes d’intelligence, de convivialité, de diversité pour l’humanité ?

Libérée de la pression iranienne, l’armée irakienne se retourne contre les Kurdes. Des dizaines de milliers de Kurdes fuient la répression en se réfugiant en Turquie et en Iran. Des centaines de villages sont détruits et leurs habitants regroupés dans des camps.

En dépit des résultats désastreux de leur intransigeance à l’égard de Bagdad et des trahisons répétées dont ils sont l’objet, les mouvements Kurdes irakiens répondront à l’appel que leur adressera l’administration Bush, en se soulevant encore une fois à l’issue de la guerre contre l’Irak. Et, bernés une fois de plus par les dirigeants américains, c’est toute la population Kurde qui se trouvera, à nouveau, seule sous le feu des troupes de Saddam Hussein.

15 nov. 1988

Prélude aux Accords d’Oslo, le Fatah ratifie les résolutions de l’ONU, reconnaît l’existence de l’État juif dans ses limites fixées par l’ONU en 1947 et proclame la création de l’État palestinien.

Mais, en dépit de toutes les médiations, Israël ne s’engagera jamais et poursuivra de plus belle la colonisation en refusant toute ouverture.

La guerre du Golfe servira de prétexte à l’accentuation de l’oppression des Palestiniens.

juillet 1989

Abdoul Rahman Ghassemlou, dirigeant de la résistance kurde iranienne est assassiné à Vienne.

09 août 1989

Le Koweït décide d’augmenter sa production pétrolière et puise dans le gisement de Roumaylah qui est revendiqué par l’Irak. Suite à la première mesure, qui est prise en violation des accords entre pays producteurs membres de l’OPEP, les prix du pétrole vont chuter. Surendetté par l’effort de guerre, L’Irak, dont l’exportation de pétrole constitue 90% des revenus est directement menacé. Par deux fois encore, le Koweït agira pour faire augmenter la production de l’OPEP et, donc, faire chuter le prix du baril. La vente de son pétrole ne rapportera bientôt plus à l’Irak que l’équivalent du service de sa dette extérieure.

12 fév. 1990

Visite de John Kelly (sous-secrétaire d’état américain chargé du Moyen-Orient) à Saddam Hussein qu’il assure de la considération des USA, en tant que « force de modération dans la région ».

Trois jours après cette visite de courtoisie, La Voix de l’Amérique – la radio de la propagande étatsunienne – diffuse un appel dénonçant Saddam Hussein comme l’un des pires tyrans actuels. La presse américaine proche du pouvoir lui emboîtera le pas.

23 fév. 1990

En visite à Amman, Saddam Hussein présente une critique lucide de la volonté hégémonique mondiale des USA. Il la perçoit au travers des manoeuvres destinées à consolider l’influence américaine dans les pays du Golfe et suggère alors de retirer les pétro-dollars des circuits économiques occidentaux.

fin juin 1990

Ultime démarche irakienne auprès des pays du Golfe pour les inviter à réduire la pression économique sur l’Irak. Pour toute réponse, le Koweït annonce qu’il poursuivra sa surproduction jusqu’à l’automne.

Jusqu’à l’invasion du Koweït, plusieurs officiels américains -dont l’ambassadeur auprès de Saddam Hussein, James Baker (secrétaire d’état) et John Kelly, qui passeront bientôt à l’attitude exactement opposée, assurent directement et indirectement l’Irak de la neutralité des USA. De bien étranges déclarations pour les représentants d’un système qui, depuis 10 ans, a fait du Moyen-Orient son objectif stratégique n°1…

Washington aurait-il volontairement poussé M. Saddam Hussein à la « faute » de façon à briser une puissance régionale qui risquait de menacer l’équilibre de tout le Proche-Orient ?

Les dessous de la guerre du Golfe

https://www.monde-diplomatique.fr/1992/04/HAGHIGAT/44272

31 juillet 1990

L’après-midi même où doit se tenir à Djeddah une ultime réunion de conciliation entre Koweïtiens et Irakiens, l’émir Jaber Al Sabah annonce qu’il ne se déplacera pas. Blessé, Saddam Hussein annule son voyage. La délégation koweïtienne tentera de marchander la reconnaissance des frontières contestées par l’Irak contre le prêt demandé par celui-ci minoré de 10%. Cette attitude coïncide avec un conseil qui aurait été donné par la CIA aux Koweïtiens 10 mois auparavant.

Dans la nuit du 1 au 2 août 1990, l’armée irakienne envahit le Koweït.

À partir du 2 août 1990, toute l’activité de la plupart des systèmes politiques, des lobbies et des media occidentaux tendra à préparer et justifier par tous les moyens l’écrasement de l’Irak.

Très rapidement, l’administration Bush sabote toutes les ébauches de solution négociée, comme, par l’entremise de l’Égypte, ce sommet arabe auquel voulait participer Saddam Hussein le 4 août et qui, au dire même du président irakien, pouvait aboutir à un retrait de l’armée d’occupation dès le lendemain. Plus tard, vers novembre, les USA utiliseront même la Syrie -l’ennemi terroriste d’hier- pour couper court à toute ouverture « risquant » d’éviter la guerre… La Syrie qui – comme l’Irak avec le Koweït mais depuis beaucoup plus longtemps : 1977 – occupe le Liban et à laquelle le gouvernement Bush a permis d’écraser les Chrétiens du général Aoun et d’annexer, de facto, le Liban, pour prix de son aide contre l’Irak.

décembre 1991

L’Assemblée Générale de l’ONU « déplore vivement la politique appliquée par Israël dans le territoire palestinien occupé et les autres territoires arabes occupés depuis 1967, notamment les nombreuses confiscations de terres, le détournement des eaux, l’épuisement des ressources naturelles et économique et le déplacement et la déportation de la population arabe qui y vit. » (79ème séance plénière, 20 décembre 1991)

L’enfermement de la population de Gaza date de 1991. Dès ce moment-là, les entrées et sorties de Gaza sont fortement filtrées. Quelques milliers de travailleurs précaires obtiennent un permis qui leur permet de circuler. Sinon, seule une petite élite économique et politique pouvait se déplacer. Il s’agissait de couper les relations entre ces deux parties des territoires palestiniens. La circulation entre la Cisjordanie et Gaza – prévue par les accords d’Oslo (1993) –, n’a jamais été établie. D’ailleurs, aucune des clauses de ces accords qui ne convenaient pas aux Israéliens n’a été respectée. Israël a sur-utilisé le rapport de force écrasant en sa faveur. R Brauman

https://msf-crash.org/fr/le-crash-dans-les-medias/rony-brauman-le-hamas-donne-la-resistance-palestinienne-un-visage

juillet 1992

Yitzhak Rabin est élu Premier ministre

septembre 1993

Suite à de discrètes négociations entre représentants israéliens et de l’OLP, à Oslo, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat signent des accords de reconnaissance mutuelle et sur l’autonomie des territoires occupés, à Washington, en présence de Bill Clinton.

Mais trois ans plus tard, Moïse Saltiel allait pouvoir écrire :

« Les dirigeants israéliens en ont profité pour accroître le nombre des implantations religieuses et autres ; élargir les frontières municipales de la Jérusalem juive, coupant ainsi la Cisjordanie en deux ; créer un dense réseau routier qui transforme la Cisjordanie en un échiquier à cases arabes séparées les unes des autres…

Qu’ont obtenu les Palestiniens en échange ?

Une autonomie municipale sur quelques Bantoustans et Sowetos sur 6% des territoires de la Cisjordanie et la Bande de Gaza, soit sur moins de 400 km². » :

https://planetaryecology.com/etablissement-dun-etat-palestinien-sur-une-parcelle-de-sa-terre/

Rabin n’était pas un tendre pour autant. Il était juste réaliste :

« Si je pouvais noyer la Bande de Gaza et ses Palestiniens dans la Méditerranée je l’aurais fait. Mais la chose est impossible« .

Détente entre société israélienne et société palestinienne. Les jeunes des deux populations vont les uns chez les autres faire la fête, en particulier sur la plage de Gaza où les restaurants se sont multipliés.

25 février 1994

Massacre du Tombeau des Patriarches

Un terroriste juif* tue 29 personnes et en blesse 125 autres durant une cérémonie du Ramadan.

* un colon du parti nationaliste religieux Kach et Kahane Chai

décembre 1994

Suite au massacre d’Hébron, le Hamas lance une longue vague d’attentats pour saboter le Processus de Paix.

Parallèlement, de grandes manifestations des colons et des identitaires israéliens appellent à la mort d’Arafat et de Rabin. Ces manifestations étaient dirigées par Nétanyahou.

Banlieue de Gaza-ville, le 14 novembre, le rêve de Nétanyahou et de ses complices : une nouvelle Nakba

Un groupe d’experts de l’ONU a déclaré qu’il existait des « preuves d’une incitation croissante au génocide » contre le peuple palestinien dans ce qu’il a qualifié de « graves violations » commises par Israël, rapporte Reuters. Dans une déclaration, le groupe d’experts, qui comprend plusieurs rapporteurs spéciaux de l’ONU, a déclaré : « Nous sommes profondément troublés par le fait que les gouvernements n’ont pas tenu compte de notre appel et n’ont pas réussi à obtenir un cessez-le-feu immédiat. Nous sommes également profondément préoccupés par le soutien apporté par certains gouvernements à la stratégie de guerre d’Israël contre la population assiégée de Gaza et par l’incapacité du système international à se mobiliser pour empêcher un génocide. » Les experts de l’ONU avaient déjà prévenu que le peuple palestinien courait un « risque grave de génocide ».

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231116-en-direct-gaza-des-milliers-de-civils-pris-au-pi%C3%A8ge-dans-l-h%C3%B4pital-al-chifa

la suite :

Ce que la Palestine apporte au monde

31 mai 2023 – 19 Novembre 2023

L’Institut du monde arabe a choisi de donner à voir l’élan et l’irréductible vitalité de la création palestinienne, qu’elle s’élabore dans les territoires ou dans l’exil. Approches muséales plurielles, dialogue photographique entre la Terre sainte « inventée » des orientalistes et celle des contemporains, exposition des précieuses archives palestiniennes de Jean Genet… : c’est à un subtil et intense parcours de correspondances visuelles et de sujets que vous invite l’IMA.

https://www.imarabe.org/fr/expositions/ce-que-la-palestine-apporte-au-monde