1974 – Écologiser la politique ?

1974 – Écologiser la politique ?

« (…) De la démystification des dogmes expansionnistes et progressistes à la condamnation des outils de domination, nous ne cessons de parler de maîtrise. C’est sur cette notion de maîtrise que nous devons mettre l’accent : il faut créer les moyens politiques (l’autogestion en est un), économiques et technologiques qui permettront de nous libérer de la dictature des institutions centralisées et des monopoles, les moyens de maîtriser seuls nos conditions de vie présentes et à venir, les moyens de réconcilier l’individu, la société et la nature.« (…)

Au-dessous, après l’article, avec plus de 40 années de recul :

Les surprenantes fortunes du verbe écologiser

Les écologistes de la Semaine de la Terre avaient accepté l’invitation du plénipotentiaire Alain Hervé à rejoindre les Amis de la Terre. D’abord modeste et sympathique, A. Hervé était venu s’asseoir par terre lors de l’une des réunions hebdomadaires de la Rue Raymond Losserand. Et, depuis qu’ils étaient passés du XIVème arrondissement au très chic Quai Voltaire à l’automne 1971, les écologistes se voyaient interdire l’expression écrite. Impossible d’accéder au bulletin de cette curieuse association – le Courrier de la Baleine. Le bulletin devait être « professionnel » pour présenter une « bonne image de l’association« . Les explications données étaient insultantes, mais elles étaient enveloppées de l’aura journalistique qui, en renvoyant à l’amateurisme des militants, faisait tant bien que mal passer la pilule. On ne mélangeait pas les torchons et les serviettes, n’est-ce pas ?! On devine pourquoi. Il ne fallait pas que les écologistes de cette si dangereuse nouvelle gauche puissent développer leurs analyses, les diffuser, échanger plus largement que dans leurs réunions confidentielles.

Le Courrier de la Baleine était bien propret, léché, lisse, totalement édulcoré par rapport à ce qui agitait les écologistes. Il n’était accessible qu’aux seuls initiés du « collège invisible de l’écologisme« . Il devait donner de nous une image suffisamment fausse pour empêcher le développement des interrelations avec beaucoup de complémentaires.

Jusqu’à l’hiver 1974…

Écologiser la politique ?

Nous ne sommes plus au temps où la lutte pour la survie se traduisait seulement par une guerre d’escarmouches avec les pollueurs. Des dents nous ont poussées ; nous avons pris conscience des implications politiques, économiques et technologiques des problèmes écologiques. Il reste à vaincre nos dernières inhibitions pour concrétiser nos idées et assumer leur portée révolutionnaire. Il faut mener la lutte écologique sur le plan politique au plus haut niveau.

Sur le plan politique, parfaitement ! Quand nous nous opposons à l’industrialisation massive, à la bagnole individuelle, à la division de l’espace social en zones à vocations distinctes, à l’armement atomique, aux encouragements à la croissance démographique, etc. Nous nous opposons bel et bien à des décisions politiques. Nous agissons ainsi et devons aller plus avant dans cette voie parce que la dimension planétaire des problèmes écologiques interdit toute illusion sur les possibilités des solutions individuelles à long et même à moyen terme. Désormais, les solutions ne peuvent être que collectives.

Des solutions collectives, il en existe déjà : il y a les modèles des pays de type socialiste ; il y a aussi des projets, il y a le programme commun… Assurément, certains de ces modèles, certains de ces projets correspondent mieux à nos aspirations que la société capitaliste mais aucun n’est satisfaisant. Il s’en faut de beaucoup. A cela rien d’étonnant : aucun ne tient sérieusement compte des phénomènes de dégradation du milieu et des conditions de vie, pas un qui n’adopte (ou ne songe à adopter) les orientations économiques et la technologie imposées – sans soucis des conséquences sur le milieu et la vie – par la recherche du profit dans la société capitaliste. Tous ces modèles, tous ces projets exaltent le dogme du progrès, du progrès vrai, du progrès universel qui n’a ni couleur ni odeur.

Comme qualité, liberté, démocratie… Comme toutes les notions galvaudées par les démagogues de la publicité et de la politique, « progrès » s’est vidé de toute signification précise. « Progrès » est maintenant un terme très ambigu qui s’applique à un concept positif et à une réalité dont la plupart des aspects sont négatifs. C’est la meilleure et la pire des choses.

Aujourd’hui, le progrès se traduit essentiellement par le perfectionnement des outils politiques, économiques et technologiques d’asservissement des hommes et d’exploitation de la nature. Pas de progrès qui n’impose ou ne crée des besoins nouveaux. Pas de progrès qui ne stimule la croissance de la consommation. Pas de progrès qui n’améliore la productivité.

Le progrès est devenu tout à la fois l’alibi et le fruit de la course au profit.

Le progrès productiviste renforce toujours plus la monopolisation de la production et de la distribution. Il creuse l’écart entre ceux qui contrôlent et ceux qui subissent. Il accentue l’état de dépendance de la population par rapport aux pouvoirs politico-économiques.

Cela est tout particulièrement sensible avec l’énergie dont la consommation n’a cessé de croître parallèlement à l’élévation du niveau de vie, faisant des hommes des usagers à la merci d’organismes centralisés (EDF, GDF, pétroliers). Avec le développement de la technologie nucléaire, le progrès franchit une nouvelle étape en échappant tout à fait à la maîtrise de la population. Grâce à l’exploitation de l’énergie nucléaire, qui nécessite la mise en oeuvre de moyens techniques et économiques gigantesques, les maîtres du monde se proposent de raffermir leur pouvoir en uniformisant l’approvisionnement énergétique (politique du tout électrique). Avec le nucléaire, la production et la distribution de l’énergie seront toujours aux mains d’une minorité privilégiée : sociétés multinationales ou élite technocratique. Complexe, lourde et centralisée, la technologie nucléaire est l’outil de domination par excellence.

La critique du nucléaire est l’occasion de nous imposer sur le plan politique en démontrant que la technologie n’est pas neutre et qu’il ne suffit pas de modifier la composition des équipes dirigeantes et la nature des institutions pour changer de société, et conquérir le droit de vivre libre dans un milieu diversifié.

Avec le développement d’un mouvement socialiste autogestionnaire, né dans un milieu politique qui emprunte déjà à la pensée écologique, s’offre à nous une chance de promouvoir nos idées et de participer à l’élaboration d’un projet social révolutionnaire. Sachons la saisir car au-delà des différences dues à l’insuffisance de l’information commune et de la concertation, le combat mené par le mouvement écologique et le combat du mouvement autogestionnaire se rejoignent. Le mouvement écologique a sans doute beaucoup à apprendre de la confrontation avec la pensée socialiste mais la réciproque est tout aussi vraisemblable.

De la démystification des dogmes expansionnistes et progressistes à la condamnation des outils de domination, nous ne cessons de parler de maîtrise. C’est sur cette notion de maîtrise que nous devons mettre l’accent : il faut créer les moyens politiques (l’autogestion en est un), économiques et technologiques qui permettront de nous libérer de la dictature des institutions centralisées et des monopoles, les moyens de maîtriser seuls nos conditions de vie présentes et à venir, les moyens de réconcilier l’individu, la société et la nature.

ACG, le Courrier de la Baleine (bulletin des Amis de la Terre), n°6, mars 1974.

l’article est paru dans le Courrier de la Baleine (bulletin des Amis de la Terre), n° 6, mars 1974 (Commission paritaire 52329).
Les quatre pages « Centrales nucléaires – Introduction au débat », parues auparavant, étaient un supplément à ce n°6.

Avec plus de 40 années de recul

Pour le mouvement écologiste, comme pour toute la nouvelle gauche, l’évolution nécessaire pour sauver la vie en restaurant la démocratie ne passait pas par les appareils politiciens et les élections. C’est le développement de la prise de conscience commencée qui devait, par contamination, par infusion et osmose, par « sympathie naturelle » (Darwin) et empathie, stimuler les motivations et tout transformer en profondeur. Le projet politique du mouvement écologiste s’affirmait dans le sens d’une évolution générale des mentalités et des pratiques, conduite par l’évolution culturelle commencée. Il correspondait au projet du Mouvement Coopératif* de « transformation, progressive sans doute, pacifique, cela va sans dire, mais radicale aussi de l’ordre social actuel » (Charles Gide, L’Emancipation). C’est la seule voie capable d’effacer l’influence des lobbies et des brigues pour réaliser une démocratie du bien commun.

* mon expérience coopérative y était pour quelque chose, mais pas seulement :

https://planetaryecology.com/1971-le-mouvement-cooperatif-refuse-le-bio/

La culture coopérative était encore très présente. Elle était renforcée par l’aspiration à l’autogestion qui soulevait l’enthousiasme depuis les années soixante. L’autogestion était typiquement un projet de la nouvelle gauche pour transformer sans passer par les compromissions politiciennes qui pervertissent les meilleures aspirations.

Tenter de traduire simplement, de façon concise, ce à quoi nous participions depuis des années et ce à quoi nous aspirions était un souci constant. Écologiser m’est apparu propre à caractériser l’alerte et les évolutions indispensables pour préserver la biosphère. C’était un programme éminemment politique, mais d’une tout autre nature, sans prise de pouvoir et contrainte. Écologiser – ou écologisation – traduisait le mouvement de l’information, des idées et des volontés ; une dynamique première du vivant. Il évoquait le travail sur la conscience et l’évolution générale consécutive impliquant chacun en interaction avec tous et l’ensemble, donc la restauration de la démocratie qui était également voulue par toutes les composantes de la nouvelle gauche.

Tout le contraire de cette « écologie politique » bientôt pondue par les manipulateurs de la langue, précisément pour dissimuler et supplanter l’écologisation afin de rediriger les nouvelles générations vers les ornières de la politique politicienne, l’écran de fumée du système mortifère.

Ce programme devait être incompréhensible et dangereux pour ceux qui nous entouraient et surveillaient (Nouvel Observateur, PSU rocardien, mendésistes, différents groupes gauchistes, le « collège invisible de l’écologisme » créé juste après 68 par l’oligarchie capitaliste, etc.). D’ailleurs, un jour où je m’efforçais de défendre le programme écologiste dans une réunion des « Amis de la Terre » où ne figuraient plus que des adversaires agglutinés comme un rempart autour de Brice Lalonde (septembre 1974), Roland de Miller, un agent de ce « collège invisible« *, s’est exclamé « Tu es fou !« .

* que, beaucoup plus tard croyant peut-être en une absolution, Miller baptisera « club européen des têtes pensantes de l’écologie« 

Ils ne croyaient qu’en une domination éclairée (dont, bien sûr, ils seraient, et aux meilleurs postes). Leur logique et leurs intérêts étaient à l’opposé des nôtres, du côté du « gouvernement invisible » des « élites » enrichies sur le dos de la « masse » et de la biosphère. Exactement comme l’avaient théorisé Walter Lippmann et Edward Bernays, les propagandistes qui avaient inspiré la guerre froide culturelle du capitalisme en conquête mondiale:

« Nous ne réalisons pas d’ordinaire à quel point ces chefs invisibles sont indispensables à la marche bien réglée de la vie collective (…) Pour éviter que la confusion ne s’installe, la société consent à ce que son choix se réduise aux idées et aux objets portés à son attention par la propagande de toute sorte. Un effort immense s’exerce donc en permanence pour capter les esprits en faveur d’une politique, d’un produit ou d’une idée« *, Bernays, chapitre « Organiser le chaos« , Propaganda 1928.

  • Parmi les objets, les idées et les désinformations : l’anthropocentrisme, l’individualisme nombriliste contre la communauté, l’inépuisabilité des « ressources« , le mythe de « la croissance » **, la dévalorisation et l’oubli du bien commun, le capitalisme ultra et la liberté d’entreprendre n’importe quoi, le consumérisme, la cigarette libératrice pour les femmes, la voiture individuelle, les autoroutes, les supermarchés, les aéronefs lourds, et tous les développements les plus destructeurs (donc les plus profitables à une minorité). On remarque que la principale production de ces produits est, à l’inverse de la prétention bernaysienne, un effondrement complet de l’ordre ! 

** qui était porté par tous nos faux amis, à commencer par le PSU de Rocard

Ceux qui avaient déjà planifié l’élimination des écologistes et les avaient remplacés – la « caste dirigeante » désignée par Bernard Charbonneau – étaient formatés par ce raisonnement ignorant des dynamiques holistiques du vivant (sans négliger leurs nombreux intérêts plus « terre à terre« . Prétexte à toutes les dépossessions, ils contribuaient à répandre l’idée de l’incompétence de « la masse« . Nous, nous étions comme Max Horkheimer et Theodor Adorno – sans les avoir lus : « (…) la gestion a besoin de tout le monde. Le pouvoir des choses apprendra à tous à se passer finalement du pouvoir » (« La dialectique de la raison »). Là où nos adversaires ne voulaient voir que « chaos« , nous voyions l’intelligence collective, et même l’intelligence collective du vivant (le pire cauchemar des dominants), celle que les imposteurs et leurs mandants s’échinaient à saboter, à déstructurer, pour, ensuite, justifier leurs prétentions.

C’est en fonction de cette compréhension de l’intelligence du vivant, en fonction du projet politique qui en découle, que la critique du nucléaire s’étendait à la nature politique du système imposé par cette industrie. La nature profondément politique de l’orientation technologique et, surtout, le caractère centralisateur, élitiste et autoritaire du nucléaire ont été abondamment illustrés par la suite. Le déploiement policier à Malville et la brutalité de la répression qui a tué Vital Michalon l’ont montré peu après. Depuis, le bruit des bottes et des coups de bidule n’a cessé de résonner pour tenter de dissuader toute extension de la contestation. Le 3 octobre 2009 à Colmar, à l’occasion de la manifestation pacifique demandant la fermeture de la centrale de Fessenheim, la présence massive des forces de répression a une nouvelle fois montré à quel ordre correspond le nucléaire.

Pourtant, après que j’ai, en automne 74, bon dernier de ceux qui avaient donné vie au mouvement, claqué la porte au nez des imposteurs et des suivistes qui avaient submergé les Amis de la Terre, la critique politique du nucléaire n’a pas vécu très longtemps. Elle a été reléguée en proportion de l’affaiblissement du mouvement écologiste par les hiérarchisations et les fièvres de la prise du pouvoir. Les manipulateurs et les doctrinaires de toutes tendances la combattirent en imposant avec succès l’idée anti-écologiste de la neutralité de l’outil et des structures de pouvoir ! A tel point que, maintenant, des gens qui se disent « écologistes » ne voient aucun inconvénient à recommander la réalisation de grandes centrales éoliennes et photovoltaïques (Grenelle de l’environnement). L’éolien et le photovoltaïque sont, certes, moins dangereux que le nucléaire, même politiquement, mais il faut toujours viser la mesure sociale et la maîtrise de l’outil. Ce qui est réalisé aujourd’hui n’a aucun rapport avec ce que nous préconisions. Le gigantisme des machines et des moyens financiers mobilisés appartient au même totalitarisme économique et politique que le nucléaire. D’ailleurs, les promoteurs sont les mêmes. Ce sont ceux qui ont saqué le mouvement alternatif hier. Et ce gigantisme s’accompagne d’une débauche de produits industriels destructeurs depuis l’extraction des minerais, énergivores et polluants (béton de ciment, aluminium…), ainsi que de nouvelles dégradations écologiques.

Plusieurs s’inspireront de cet article et en citeront des formules sans jamais en dire la source.

Compléments d’information dans le dossier suivant :

Les surprenantes fortunes du verbe écologiser – 1

Cet article me valut les félicitations aussi enthousiastes que surprenantes des arbitres des élégances révolutionnaires nichés au Nouvel Observateur, dont un certain André Gorz qui écrivait sous le pseudonyme de Michel Bosquet (mais André Gorz est aussi un pseudo).

C’était juste avant que lui et ses amis et patrons ne me liquident avec le mouvement alternatif – plus exactement : la nouvelle gauche écologiste.

https://planetaryecology.com/mouvement-social-expression-du-vivant1960-1970-mouvement-ecologiste-nouvelle-gauche-contre-culture-culture-ecologiste/

Ce seul épisode révèle la duplicité de ces gens qui nous épiaient depuis la Semaine de la Terre, la fausseté de leur engagement « écolo« , par conséquent l’erreur de ceux qui croient à leurs écrits en ignorant leurs actions.

« (…) on se demande s’il n’aurait pas été plus souhaitable d’écologiser la politique que de politiser l’écologie« . C’est dans « Naissance de l’écologie politique« , page 27 de « A vous de choisir – La campagne de René Dumont et ses prolongements« , éditions Jean-Jacques Pauvert 2ème trimestre 1974.

Ce texte était déjà paru dans Le Sauvage (supplément environnementaliste du Nouvel Observateur) avant d’être inséré dans le bouquin. Il est signé Alain Hervé. Alain Hervé est celui qui avait invité la Semaine de la Terre * à rejoindre l’association qu’il venait de lancer mais qui ne comptait pas de militants : Les Amis de la Terre. Il est aussi celui qui avait interdit que la Semaine de la Terre lance sa campagne contre les emballages jetables et la pollution incontrôlable que nous prévoyions. Il est celui qui nous avait interdit l’accès à La Baleine, le bulletin des Amis de la Terre, jusqu’au numéro 6 de mars 1974 où figure « Ecologiser la politique ?« . Alain Hervé est encore celui qui avait organisé, en tout cas cautionné et couvert l’envahissement et le sabotage de l’AG des Amis de la Terre par plusieurs groupes gauchistes, le 23 juin 1972, cela seulement pour faire « élire » le faux-prosélyte Brice Lalonde comme « président » par des étrangers à l’association qu’il avait, lui-même (Alain Hervé) fondée. Devant tant de démonstrations anti-écologistes, il ne nous a pas fallu très longtemps pour deviner que Alain Hervé était le contraire exact de ce qu’il voulait paraître. Cela n’était pas par empathie qu’il nous avait approchés.

* https://planetaryecology.com/premiere-moitie-des-annees-70-quand-tout-a-ete-retourne/

Dans son article, en parfait accord avec ce qui précède, Alain Hervé mêle habilement des évocations aussi générales que récupératrices du mouvement écologiste avec l’introduction à la nouvelle ligne imposée : « l’écologie politique« . Aucune mention de ce qui s’est réellement passé et des vrais protagonistes de l’action. En parfaite contradiction avec l’engagement pris par Dumont lui-même, son personnage est instrumentalisé pour être substitué au mouvement social : la nouvelle gauche écologiste. A la fin du billet, cette phrase magnifique révèle beaucoup et laisse pantois : « François Mitterrand et René Dumont doivent trouver ensemble la formule qui permette de conjuguer socialisme et écologie« . C’était, à quelques nuances de vocabulaire près, ce que la nouvelle gauche écologiste était en train de créer, mais sans les encombrants amis d’Alain Hervé tout occupés à éliminer l’alternative pour imposer la globalisation de la prédation.

Alain Hervé a toujours refusé de s’expliquer et de témoigner.

Ceux qui avaient pensé la campagne des écologistes – et non la campagne de Dumont – et l’ont lancée n’apparaissent pas dans le bouquin. Pas un, pas une de la nouvelle gauche écologiste. Ils et elles ont été soigneusement gommés. Ils et elles ne sont présents, présentes, que par les idées récupérées pour être aussitôt coiffées par la nouvelle « écologie politique« . D’ailleurs aucun, aucune, d’entre eux n’a été informé du projet et de la réalisation du livre. Ecologistes du Bordelais, de la forêt guyanaise ou du Quartier Latin, nous ne l’avons découvert qu’à sa parution, en même temps que notre mise à l’écart et l’avènement des imposteurs.

Le chapitre « Histoire de la campagne » signé par Claude-Marie Vadrot est exemplaire de ce tour de passe passe. Il amorce la révision de l’histoire du mouvement pour en extirper sa culture et sa philosophie politique.

Une perle figure en conclusion d’un texte de René Dumont, page 10. Comme une révélation inconsciente, c’était plus fort que lui, Dumont cite « le président Mao » ! On ne peut faire plus incongru. Les crimes écologiques de Mao et de sa dictature, à la fin des années cinquante, étaient pour partie à l’origine de l’essor du mouvement écologiste. Et nous ne savions pas tout. Nous ne savions pas non plus, pas encore, que les adversaires les plus hystériques de l’écologisme – les maoïstes d’opérette sortis des beaux quartiers – s’étaient glissés parmi nous. Dumont en était un.

(1) Nous n’avions jamais parlé d' »écologie politique« auparavant. C’est un nouveau produit lancé avec ce bouquin pour recouvrir et étouffer la diversité complémentaire de « l’écologisme« , du mouvement écologiste, de la nouvelle gauche écologiste, et en faire oublier la culture et les objectifs qui ne convenaient pas au système de la croissance marchande défendu par le PSU de Rocard, le Nouvel Observateur, Dumont, Alain Hervé et leurs commanditaires… bref par toute la Deuxième Gauche au service de la social démocratie passée à la gestion du capitalisme.