LA TÊTE À L’ENVERS, une actualité de la biosphère – août 2023…
Un regard sur l’autre « actualité« , celle du système qui est en train de détruire le vivant
journal d’un écologiste consterné
pour communiquer :
sommaire des dernières nouvelles du front :
Plus de rails – de ferroviaire – pour la transition ?
On a perdu Jacques Julliard
C’est la « transition écologique » : un navire-usine pour transformer le gaz de schiste importé des USA
Conséquences durables de la corruption d’État : un projet de TGV en Grande-Bretagne
Jean-Pierre Lambert, le paysan qui s’est battu contre le « système » agricole et qui a tout perdu
Cinéma : Alex Van Warmerdam revient avec N° 10
Jean Jouzel s’est rendu aux journées… du MEDEF
Et toujours la guerre en Papouasie Occidentale sous la botte indonésienne depuis 1963
Les panégyristes de la Deuxième Gauche récupèrent Goldman
septembre 23
Renaissance de la révolte syrienne

Après avoir réclamé une amélioration des conditions de vie, puis la chute du régime, les manifestants ont exprimé ce dimanche 27 août leur opposition aux accords économiques signés par le pouvoir avec ses alliés, à savoir l’Iran et la Russie, qui contrôle une grande partie des infrastructures syriennes, rapporte le journal.
Des rassemblements similaires ont également été organisés dans la région de Deraa, foyer du soulèvement contre Assad en 2011, mais aussi à Alep (dans le Nord) et Deir Ez-Zor (dans l’Est).
Le régime est “en état d’alerte sécuritaire aux alentours de Damas […] pour éviter une propagation” de la vague de colère, rapporte Asharq Al-Awsat.
Manifestations en Syrie : « c’est une gifle formidable pour le régime de Bachar Al-Assad »
En Syrie, le réveil de la contestation du régime Assad
Des vidéos attestent de foules considérables, qui rappellent les scènes du début du soulèvement de 2011, en pleine période des « printemps arabes ». Connaissant la répression qui a suivi, il est impressionnant de voir de nouveau la population dans la rue pour défendre ses droits, face à un régime qui n’hésitera pas plus qu’hier à réprimer brutalement.
Plus de rails – de ferroviaire – pour la transition ?
La création de nouveaux « RER urbains » est présentée comme une solution pour réduire l’usage des véhicules individuels. Peut-être, mais à condition de ne pas créer de nouvelles lignes à coup de gros travaux et d’expropriations massives ! Or, le slogan « Plus de rails » fait craindre de nouvelles destructions profitables sous couvert de « transition écologique« …
Étrange que les solutions plus élégantes, moins consommatrices de matière et d’énergie, plus souples, ne soient même pas évoquées. N’est-il pas ?


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On a perdu Jacques Julliard
Un « intellectuel de référence pour la Gauche française« , une « figure emblématique de la Deuxième Gauche« , un « militant infatigable de l’autogestion » *, la « grande voix républicaine, humaniste et socialiste » (F. Hollande), etc.
* …de l’autogestion de la croissance marchande
Mais aussi le fondateur de l’ultra-libérale Fondation Saint-Simon…

Le mouvement écologiste doit beaucoup à ce genre de personnage. Beaucoup de très mauvaises surprises. Et pas seulement les écologistes de la nouvelle gauche ! En 2009, il tentait d’expliquer sa pensée dans un article étonnant…
« Le combat pour l’écologie ne doit pas dériver vers un fondamentalisme réactionnaire.
On se souviendra que dans sa phase ascendante le nazisme s’est complu dans un bric-à-brac naturiste, sur fond de forêt primitive et de sources sacrées, de Wandervögel, de Walkyries et de Walhalla. Et il n’est guère de secte new âge qui ne s’adonne au culte de la Lune, ou du Soleil, ou des étoiles. Oui, donc, à l’écologie rationnelle, oui à un nouveau pacte (2) entre l’homme, la nature et l’animal (Michel Serres parle de contrat naturel); non à la réintroduction en contrebande d’une philosophie irrationaliste, anti-industrialiste, réactionnaire, à relents fascistes.«
Jacques Julliard, Non à la déesse nature
Le Nouvel Observateur, décembre 2009
Si, dès les premières années 1970, nous avons raté la prise de conscience du bien commun et son écologisation de la culture, des mentalités et des institutions, c’est grâce à lui et à ses amis très variés – tous dominateurs, tous censeurs de ceux qui ne leur plaisaient pas, tous organisateurs du gâchis politique et des effondrements.
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C’est la « transition écologique » : un navire-usine pour transformer le gaz de schiste importé des USA

Le Havre, 18/09/2023 : Le FSRU Cape Ann, terminal méthanier flottant long de plus de 280 mètres, devait être mis en service au Havre avant le 15 septembre pour, selon le gouvernement, assurer la sécurité énergétique de la France suite à la guerre en Ukraine.
assurer la poursuite du gaspillage énergétique si profitable, si nécessaire à l’économie de la croissance marchande !
Gaz de schiste ? À propos des premiers bienfaits de l’extraction du gaz de schiste, deux films :
Promised land de Gus Van Sant…
et Holy Field Holy War de Lech Kowalski
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=226863.html
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Conséquences durables de la corruption d’État : un projet de TGV en Grande-Bretagne
C’est un feuilleton qui traîne en longueur depuis plus de 10 ans et qui pourtant ne fait plus rire personne. Son titre pourrait être : le TGV infernal ! Que se passe-t-il ? Les Britanniques rêvent d’un train à grande vitesse qui rallierait le nord du pays.
A priori, rien d’impossible. En Europe, la France a su construire en 40 ans près de 3 000kms de ligne à grande vitesse, et l’Espagne, en 30 ans, plus de 3 200kms. En Grande-Bretagne, on parle d’une ligne d’un peu plus de 300 km ! https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-du-monde/histoires-du-monde-du-mardi-19-septembre-2023-2519681
Et voilà ! Vive le rail ! Vive le ferroviaire, même à grande vitesse ! C’est ainsi que l’on manipule le bon peuple et qu’on le trompe sur le sens du bien commun.
Qui se souvient de la grosse manipulation qui a enterré les Aérotrains pour favoriser les lobbies porteurs du plus coûteux et anti-écologique TGV (Turbotrain à Grande Vitesse) ? Qui se soucie du coût pharamineux du monstre ?

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Jean-Pierre Lambert, le paysan qui s’est battu contre le « système » agricole et qui a tout perdu
Depuis la campagne de la Sarthe, il bataille depuis 2005 contre l’agrobusiness et la puissante Mutualité sociale agricole. Son histoire raconte l’avenir sombre des petits paysans qui refusent le modèle des gros agriculteurs.
Il a tout perdu : veaux, vaches, cochons, couvées, mais aussi ses terres, ses tracteurs, sa voiture, ses meubles, ses fusils et son lit. Jean-Pierre Lambert, tout juste sorti de trois semaines de prison, a découvert, hébété, sa maison vide, froide et déserte, après une rude bataille perdue contre la Mutualité sociale agricole (MSA), qui lui réclamait des sommes colossales de cotisations non payées. Il est assis, avec sa grande barbe blanche, dans la vieille cuisine de sa maison perdue dans la campagne de la Sarthe, devant des piles de dossiers entassées sur la toile cirée. Des courriers qu’il n’a pas ouverts pendant des années, sûr de son bon droit et avec l’orgueil du paysan à qui on ne dit pas ce qu’il a à faire. Mais il est, à 66 ans, totalement ruiné, écrasé par « un système » qu’il a toujours combattu et qui a eu le dernier mot.
Un système mis en place dès les début de la « 5ème République » au service du néo-capitalisme :
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Alex Van Warmerdam, l’un des réalisateurs les plus surprenants qui soient* revient avec :
N° 10
* https://tv.apple.com/be/movie/borgman/umc.cmc.6a3y2dmmo2f8oabo2cvrqmnuv
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Jean Jouzel s’est rendu aux journées… du MEDEF
« J’ai décrit les choses telles qu’elles sont face à un parterre de chefs d’entreprises, et j’ai reçu un accueil glacial », a-t-il raconté. Jean Jouzel critique notamment Patrick Pouyanné, le président de TotalEnergies, avec qui il a débattu lors de cette rencontre. « J’ai expliqué pourquoi il était important d’arrêter d’investir dès maintenant dans les énergies fossiles, et de privilégier les énergies renouvelables. Il ne m’a pas dit que j’avais tort, mais en substance, il a expliqué pourquoi il allait continuer comme avant »
« Cette transition, je suis désolé Jean, elle prendra du temps », avait alors répondu le patron de Total. « Je respecte l’avis des scientifiques mais il y a la vie réelle », avait-il argumenté, « assumant » de poursuivre ses investissements pétro-gaziers car la demande croît : « je dois assurer la sécurité d’approvisionnement au coût le plus efficace ».
« À la fin, j’en ai marre… », déplore Jean Jouzel, désabusé par l’attentisme de Patrick Pouyanné qui dirige l’une des entreprises les plus polluantes du monde. « Patrick Pouyanné a invoqué la ’vie réelle’. Mais la vie réelle, c’est aussi l’équivalent du quart de la surface de la France qui a brûlé au Canada, les canicules et leurs morts (…) », s’insurge encore l’ancien directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace dans les colonnes des Échos.
Cette colère est partagée par de nombreux scientifiques, qui témoignent ce dimanche leur soutien à Jean Jouzel. À l’instar du climatologue Christophe Cassou, qui écrit sur Twitter : « Oui, il y en a marre de répéter toujours la même chose, et c’est dur de voir émerger sous nos yeux un anticipable climatique violent. »
Jean Jouzel a 76 ans, et il est aussi naïf que les écologistes l’étaient il y 50 ans et plus. Alors, stimulés par la conscience de l’urgence, nous imaginions que l’alerte et le message d’intérêt général du mouvement écologiste étaient capables de faire changer de point de vue et de pratiques même des pollueurs et des spéculateurs. Donc, nous étions ouverts à toutes les contributions… et nous avons été infiltrés, censurés, effacés, remplacés.
À l’époque, même des groupes, des syndicats, des partis qui se disaient critiques, voire « révolutionnaires », étaient à peu près comme Pouyanné : déjà formatés par une « vie réelle » complètement déconnectée du vivant.
Si Jouzel et ses collègues savaient cette histoire, ils regarderaient moins « en haut » et perdraient moins leur temps !
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août 23

Et toujours la guerre en Papouasie Occidentale sous la botte indonésienne depuis 1963
avec le concours empressé des multinationales
“Amok [folie] à Kiwirok”. Ainsi titre le magazine Tempo qui affiche à la une le dessin d’une région montagneuse de Papouasie enflammée par une pluie d’obus lancés par un hélicoptère.
“Au cours de la deuxième semaine d’octobre, l’armée indonésienne aurait jeté des obus sur Kiwirok. Le raid n’a fait aucune victime mais a provoqué la fuite de centaines voire de milliers de civils, qui se sont réfugiés dans la forêt, dans les villages voisins, et jusqu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée”, relate Tempo.
Une information confirmée par le commissaire de la Commission nationale des droits humains, Choirul Anam, qui dit avoir examiné certains de ces obus tombés sur le district de Kiwirok.
En Indonésie, les Papous sacrifiés sur l’autel des intérêts miniers
En mai 2020, le meurtre brutal de Georges Floyd ravivait le mouvement antiraciste Black Lives Matter. D’une ampleur inédite aux États-Unis, ce mouvement a su trouver un écho dans des dizaines d’autres pays, parmi lesquels l’Indonésie. Profitant de cette médiatisation des discriminations raciales et des violences policières, des militants indonésiens ont lancé le hasthag #PapuanLivesMatter pour dénoncer les nombreuses violences dont sont victimes les Papous de Nouvelle-Guinée occidentale, une province violemment annexée par l’Indonésie en 1963.
« la Papouasie est un véritable sanctuaire pour les pulsions les plus sordides ; un terrain de jeu pour psychopathes. Les militaires peuvent torturer, violer, assassiner en toute liberté, sans craindre la moindre sanction »
Grèves, répression et manipulations en Papouasie occidentale
https://blog.mondediplo.net/2012-03-01-Greves-repression-et-manipulations-en-Papouasie
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Les panégyristes de la Deuxième Gauche récupèrent Goldman
Sous le maquillage que lui fait un historien du sérail *, pour avoir évoqué la tolérance, la réciprocité, la solidarité, l’intégration… valeurs qui seraient celles de la « Deuxième Gauche » **, Jean-Jacques Goldman devient un barde social-démocrate.
Pour avoir chanté la diversité et la complémentarité (« je te donne toutes mes différences« ), Jean-Jacques Goldman tombe dans l’escarcelle d’une « gauche relativement ambitieuse » (très relativement !). C’est la vision de Jablonka qui semble allègrement confondre la nouvelle gauche, celle de la critique radicale de la société de consommation, celle des alertes écologiques et des alternatives, et sa chère « Deuxième Gauche« . Ignorerait-il que celle-ci n’empruntait à la première que pour mieux tromper, s’y substituer, l’éliminer, et servir la social-démocratie de la croissance, de la marchandisation, de l’exploitation à tout va d’une nature évidemment inépuisable ?
Au passage, on note la quasi-équivalence faite entre « Deuxième Gauche » et social-démocratie. C’est pertinent. On s’en souviendra.
Jablonka va même jusqu’à vanter les valeurs de solidarité et d’entraide « du petit commerce » auquel il identifie les activités de la famille Goldman. Sans doute a-t-il oublié que toute la social-démocratie qu’il veut réhabiliter a longuement vilipendé et cassé le commerce familial et coopératif pour favoriser un oligopole : la grande distribution financiarisée. Surtout sa chère « Deuxième Gauche » !
Dans le même style, Ivan Jablonka estime que Jean-Jacques Goldman « n’adhère pas au modèle de virilité commun« , comme si cette attitude était aussi une qualité choyée par la « Deuxième Gauche« . Jablonka ignorerait-il encore que le machisme le plus grossier accompagnait celle-ci et sa traîne de gauchistes ayant opté pour la social-démocratie – justement – depuis longtemps.
Goldman n’est pas content du tout et l’a fait savoir :
« Je n’ai jamais rencontré cet auteur, mes amis non plus, et je suis triste pour tous les gens qui se font duper en achetant des livres qui parlent de moi. »On le comprend ! La duperie est, en effet, une production majeure de la « Deuxième Gauche » social-démocrate.
* Ivan Jablonka, « Goldman« , Seuil
** « la Deuxième Gauche » s’inscrit dans la continuité du courant mendésiste animé par le très remarquable Club Jean Moulin et son ouverture au néo-capitalisme qui annonçait la Fondation Saint-Simon. La CFDT, le PSU, Politique-Hebdo, Le Monde, Le Nouvel Observateur et leurs satellites en étaient les porte-parole. Pour illustrer « la Deuxième Gauche« , Jablonka cite la belle brochette « Michel Rocard, Edmond Maire, Pierre Rosanvallon, Alain Touraine« . Tiens, il a oublié Jacques Delors et Jacques Julliard, deux anti-écologistes primaires encensés comme « penseurs de la Deuxième Gauche » !